L'Engrenage (TV) - Transcript
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Prison du Sud de la France. Plan sur la cour puis sur un prisonnier, walkman sur les oreilles, qui pousse un bac de blanchisserie, jusqu'à une grille.
- Gi : C'est le linge.
Un gardien lui ouvre la grille et la referme derrière lui. Il poursuit son chemin absorbé pas sa musique quand deux malabars bondissent de leur planque pour lui faire sa fête. Le premier tente de l'étrangler avec le fil de son walkman tandis que l'autre le roue de coups. Entendant la bagarre les matons rappliquent et rouvrent la grille pour stopper ce passage à tabac.
- Gardien : Vous ! Ça suffit ! Arrêtez ! J'ai dit arrêtez ! Je vais vous mater moi !
À grand coups de matraques les malabars sont refoulés vers la grille et évacués…
- Gardien : Au mitard !
Fondu enchaîné superbe où on passe d'une matraque prête à s'abattre à un service de tennis dans les règles de l'art… œuvre de Largo qui dispute un double avec Monique, l'ex de Nério, contre l'ami de son père, Édouard Colombier, et sa fille. Après que tout le monde ait mis son coup de raquette, Largo conclut superbement le point, s'attirant les compliments de Monique et… un regard noir et vexé d'Édouard qui visiblement n'apprécie pas la réussite de son adversaire…
- Mo : Bien joué Largo !
Nouveau service de Largo. Mais cette fois, il se troue complètement sur le retour, à se demander s'il ne l'a pas fait exprès. En tout cas, ni cet échec, ni le commentaire moqueur de Monique ne lui font perdre sa bonne humeur…
- Mo : Raté !
Largo lève les bras d'un air impuissant avec un grand sourire… et il monte au filet à la rencontre de ses adversaires…
- L : D'accord, là je m'incline ! Le match est pour vous.
Édouard vient lui accorder une poignée de main bien virile, le sourire retrouvé.
- Éd : C'était un match intéressant, mais je déteste perdre…
- L : Oui, j'ai cru comprendre ça !
Monique, essoufflée et tout sourire, les rejoint et pose familièrement la main sur l'épaule de Largo…
- Mo : Désolée Largo, mais j'ai bien peur d'avoir été… comment on dit en général ? Non productive ?
Largo, charmeur et sans rancune…
- L : Non au contraire, j'ai joué avec un grand plaisir.
Madeline et son père rejoignent eux aussi leurs chaises, bras dessus bras dessous et Madeline file au ravitaillement…
- Ma : Je vais aller nous chercher à boire, d'accord ?
Pendant qu'Édouard s'éponge, Monique s'évertue par tout un jeu de mimiques à faire saisir à un Largo complètement à côté de la plaque qu'il doit aller rejoindre Madeline… et comme il s'acharne à ne rien comprendre elle finit par lui mettre les points sur les i à voix basse pour qu'Édouard ne remarque rien…
- Mo : Rejoins-la !
Cette fois, Largo a enfin compris…et il s'exécute avec la finesse d'un éléphant…
- L : Ahoh, je… je vais aider Madeline.
Soulagement de Monique dont le ton pêche par excès de naturel…
- Mo : D'accord !
Et les seniors restent là à contempler la nature à l'œuvre… à moins que ce ne soit plutôt leur œuvre dans la nature…
- Mo : Ahhh je crois qu'ils s'entendent tous les deux.
- Éd : C'est de quelqu'un comme Largo dont elle a besoin pour arriver à oublier Gilles. En tout cas merci pour la rencontre.
Monique est soudain un brin nostalgique, mais elle reste radieuse…
- Mo : Oh, ce n'est rien…Quand je les observe je pense à Nério… et je suis convaincue qu'il aurait été ravi de savoir que Largo sort avec ta fille.
Madeline revient de la maison avec quatre canettes. Largo vient au devant d'elle avec un grand sourire
- L : S'il te plaît laisse-moi t'aider.
Madeline lui remet deux des canettes et ils reprennent leur chemin côte à côte, Largo jetant un coup d'œil à Édouard et Monique qui s'installent confortablement pour une pause. Inspiré par cette vision, il plaisante, conscient du double jeu de ses aînés…
- L : Dis-moi, tu préfères te marier maintenant ou après le déjeuner ?
Mais contrairement à son attente, cela ne fait pas rire Madeline…
- Ma : Pardon. Je crois qu'on fait tous les deux fausse route. J'ai accepté de te rencontrer pour que tu m'aides, tu es le seul qui le puisse.
Un étonnement attentif a succédé au sourire sur le visage de Largo…
- L : Quel compliment ! Et que me vaut cet honneur ?
- Ma : Monique m'a longuement parlé de toi. De tes exploits, ton sens de la justice, ton courage… c'est pourquoi j'ai pensé que tu pourrais innocenter l'homme que j'aime.
Sous cette avalanche de compliments, Largo sourit, faussement modeste, mais quand Madeline termine il est redevenu totalement sérieux.
- L : Il est coupable de quoi ?
- Ma : De rien ! Il est en prison et accusé d'un meurtre, c'est un coup monté.
Sous la pression de Madeline, plus que convaincante, Largo tente d'esquiver…
- L : Euh Madeline, écoute, je crois que tu devrais t'adresser à un avocat ou engager un détective.
Mais Madeline n'est pas à court d'arguments pour défendre sa cause que Largo écoute en observant Édouard qui discute paisiblement avec Monique…et deux types à l'air typique de gardes du corps pas drôles qui déambulent sur la pelouse, l'arme bien visible sous l'aisselle…
- Ma : Ça ne servirait à rien ! À rien. Aucun d'entre eux ne serait de taille à lutter contre mon père. Il paierait le détective pour qu'il abandonne quant à l'avocat, il y aurait encore moins à espérer. Tout le monde a peur de mon père. C'est un homme très puissant, très possessif et protecteur.
- L : Ces deux là sont probablement des anges gardiens…
Vu la situation, Largo se décide à accepter d'essayer d'intercéder… mais ce n'est pas du tout ce que Madeline attend de lui…
- L : Écoute, je peux essayer d'en toucher un mot à Édouard.
- Ma : Non ! Surtout pas ! J'ai la quasi certitude que mon père est derrière ce coup monté.
- L : Édouard ???!!!
Cette fois, Largo est stupéfait, il a vraiment du mal à croire la miss…
- Ma : Ouii !!! C'est le seul moyen qu'il ait trouvé pour nous séparer, Gilles et moi ! Je t'en prie Largo, tu dois nous aider ! Gilles lutte pour sa survie en prison jour après jour. Tu es notre seul espoir.
Mais face au ton suppliant de la demoiselle et à la force de sa conviction, il se laisse convaincre et ravale ses doutes d'un bon coup de glotte avant d'afficher sa décision au grand soulagement de Madeline… qui immédiatement passe à la requête suivante.
- L : D'accord, je vais étudier la question.
- Ma : Ah je suis si heureuse : Il faut à tout prix que tu gardes le secret. On ne doit rien changer à notre attitude. Monique, mon père, tout le monde doit croire qu'on a un flirt ensemble.
Largo regarde Édouard et Monique d'un air mi-figue mi-raisin, attiré par ce nouveau défi et ce nouveau jeu… et légèrement inquiet de s'être laissé embarquer vers il ne sait trop quoi… pour les beaux yeux d'une miss amoureuse d'un autre qui pour l'instant commence à jouer son rôle en lui posant un bisou sur la joue…
- Ma : S'il nous démasque, nul ne sait ce qu'il sera capable de tenter !
GÉNÉRIQUE
Dans la salle du conseil, Largo s'ennuie ferme. Avachi sur son siège, il attend impatiemment la fin de la séance pendant que Cardignac parade…
- Ca : Non seulement la compagnie ferroviaire nous suit, mais le chantier naval du Havres est prêt à entrer dans l'affaire lui aussi.
- Su : Bien, s'il n'y a rien de neuf, je crois que nous pouvons lever la séance.
Sullivan n'a pas fini sa phrase que déjà Largo, en parfait mauvais élève, a jailli de son siège, la mine réjouie, prêt à se ruer vers d'autres occupations plus passionnantes… Malheureusement, Alicia Del Ferril, qui jusque là observait en préparant son petit succès, se lance avec un grand sourire…
- ADF : Cette transaction peut encore s'avérer être une chimère, Cardignac. Le chantier naval a perdu son accès aux infrastructures du port, chers conseillers.
Et Largo, arrêté net dans son élan buissonnier, se rassoit, penaud et déçu… Il ne sourit même pas quand Cardignac lui envoie bizarrement des fleurs…
- Ca : C'est un léger souci que Largo pourra résoudre sans la moindre difficulté, j'imagine…
Mais le portable de Largo sonne, lui offrant une excuse pour quitter la table. Il s'isole un peu en admirant New York par la baie vitrée tandis que son équipe rassemblée au Bunker lui rend compte des résultats des premières recherches…
- L : Ah excusez-moi… Oui ?
- K : J'ai réussi à mettre la main sur le dossier de Gilles Saint Denis. Tu veux que je te fasse un topo sur les détails glauques ?
- L : C'est si moche que ça ?
- K : Je dirais que notre jeune rocker a eu du bol, il n'en a pris que pour 15 ans.
- J : Chantal Robert, sa jeune victime a subi des violences sexuelles. Les enquêteurs ont découvert les empreintes d'ADN de Gilles sur le corps, l'arme du crime a été retrouvée dans sa voiture…
Devant la noirceur du tableau, Largo s'est rassis, il a même posé le coude sur la table pour soutenir le téléphone contre son oreille
- L : Qui était cette fille ? Son ex-petite copine ?
- J : Ça reste à éclaircir.
- Si : J'ai aussi un témoin. Un copain batteur qui selon le dossier aurait vu Gilles et Chantal ensemble juste avant le meurtre. J'ai eu aussi des infos à propos de l'avocat qui a défendu Gilles. Il a été commis d'office.
- L : Gilles n'avait aucun alibi ?
- K : Chantal Robert a été tuée le lendemain matin de Noël. Gilles a juré qu'il dormait ce matin là mais il n'y a aucun témoin, il était seul.
- Si : Et on a aussi demandé au greffe le rapport de tout le procès.
- J : On peut peut-être trouver un moyen d'annoncer tout ça à Madeline avec tact et douceur…
Largo soupire…avant de raccrocher.
- L : Ouais…
Il s'extrait lourdement de son fauteuil et prend la file pour sortir du Big Board sous les sourires entendus d'Alicia Del Ferril et de Cardignac
- ADF : Je vous félicite… Quel tombeur !
- C : Hm hm hm…
Sentant un truc louche, Largo laisse passer les intéressés et arrête John, juste derrière…
- L : John ? Je vous écoute.
Sullivan s'efforce de présenter les choses avec calme et pragmatisme, pas vraiment sûr de la réaction de Largo…
- Su : J'ai parlé à Cardignac au sujet de Madeline et de vos projets. Résultat… la société de son père, la Colomco International, détient l'accès au port marchand dont nous avons besoin.
- L : Ahhh j'ose à peine croire ce que je vois.
- Su : Allons mon cher, des empires ont été bâtis sur ce genre d'échange. Édouard Colombier adore sa fille, et quand il la voit heureuse, il est comblé. Et s'il est heureux, alors on peut espérer qu'il soit d'accord de discuter.
Largo a un sourire beau joueur, plutôt admiratif…
- L : C'est une opération mise au point par vous et Monique…
Sullivan est visiblement soulagé que Largo le prenne bien…
- Su : Non. Édouard et Monique sont des amis de longue date, je le savais évidemment et je lui ai demandé son aide. J'ignorais qu'elle avait déjà promis à Édouard de jouer le rôle de marieuse pour sa fille Madeline… D'une certaine façon, c'est faire d'un pierre deux coups.
Cette fois Largo change de registre et on a droit au… Largo narquois…
- L : Bien !
- Su : Vous devriez lui en être reconnaissant.
Et enfin, c'est… Largo faussement hypocrite…
- L : Ah je le suis !
- Su : Allez, séducteur ! Hm !
Et Sullivan s'éloigne content de lui sous le regard totalement incrédule de Largo qui a du mal à admettre qu'il a été totalement manipulé par sa belle-mère et son bras droit !
Arc de triomphe. Paris. Dans un bureau miteux, un type glauque décroche son téléphone…tandis qu'à l'autre bout de la ligne, Simon, confortablement installé au Bunker poursuit ses investigations…
- MP : Allo ?
- Si : Oui bonjour Maître Paret, Je suis Simon Ovronnaz du Groupe W. Excusez-moi de vous appeler sur votre téléphone privé mais j'ai déjà essayé de vous appeler en vain à votre cabinet
- MP : C'est à quel propos Monsieur ?
- Si : C'est à propos d'un dossier que vous avez traité en avril dernier. L'affaire Gilles saint Denis…
- MP : Vous dites ?
L'avocaillon panique
- MP : Euh désolé, il y a de la friture, je n'entends rien du tout, il y a un problème sur la ligne.
- Si : Allo ? Allo ?
L'avocat a raccroché et aussitôt il sort son portable et fait un numéro
- MP : Oui euh écoute, j'ai reçu un appel de quelqu'un du Groupe W à propos de l'affaire Saint Denis, qu'est-ce que je dois faire, dis-moi ?
New York, au dernier étage de la tour Winch, Monique rend visite à Largo dans son appartement. Elle le trouve à son bureau… plongé dans Tintin !
- Mo : Hm je vois que l'après-midi s'annonce bien…
Largo lève le nez de sa BD, sec et sarcastique…
- L : Alors, quel est le programme aujourd'hui ? Mariage ou affaires ?
Monique sent poindre une pointe de rancune dans le ton de Largo. Elle se justifie tranquillement en adoptant le profil « entre adultes on peut se comprendre… »
- Mo : Oh s'il te plait… En tant que principal actionnaire du groupe W je veille à mes intérêts. Et du reste, Madeline et toi êtes absolument adorables ensemble. Elle t'invite à venir la voir à son cours de danse. Et comme tous les Colombier, leurs désirs doivent être reçus comme des ordres.
Devant tant d'ingénuité, Largo ne peut que retrouver le sourire. Il ferme sa BD et questionne Monique un peu plus délicatement en se calant dans son fauteuil, les pieds sur le bureau, pour mieux observer sa belle-mère qui de son côté s'est perchée sur ce même bureau…
- L : Pourquoi tiens-tu tellement à ce que j'aie une relation avec elle ?
- Mo : Parce que je suis soucieuse du bonheur de Madeline. Son père a été totalement catastrophé par sa toute dernière relation amoureuse. Apparemment elle a eu une histoire avec un musicien et ce jeune garçon s'est avéré être un tueur. Donc tu vois, même si tu ne viens pas travailler en costume cravate, comme tu devrais le faire du reste, tu es sans doute un petit peu plus fréquentable.
Largo apprécie la pique mais revient à ce qui le tracasse…
- L : Jusqu'à quel point Édouard souhaite garder le contrôle sur l'existence de sa très chère fille ?
La question plonge Monique dans ses souvenirs. Elle cueille sur le bureau de Largo le cadre de la photo de Nério et savoure les images qui remontent à sa mémoire…
- Mo : Eh bien il n'est pas si différent de ton père. Hm, tu aurais dû voir ces deux phénomènes diriger le même voilier… c'était l'hystérie totale ! Nous avions l'habitude de passer l'été avec les Colombier. Une année, Édouard et ton père se sont mis en tête de faire des régates en voilier. Il fallait deux hommes par équipe. Et là, toute l'histoire s'est corsée. Leurs egos surdimensionnés les ont empêché de décider lequel des deux serait capitaine. Alors, ils ont été tous les deux capitaines. Et bien sûr ils ont hurlé comme des charretiers l'un sur l'autre durant toute la course. Et le pire, c'est que cela a duré des semaines. Et plus ils hurlaient, plus ils remportaient de victoires !!!
Largo ne perd pas une miette des révélations de Monique, il se laisse emporter par la fougue avec laquelle elle raconte ces souvenirs heureux… mais Joy entre brusquement, l'air préoccupé.
- J : Désolée de vous interrompre.
Le sourire de Largo s'efface.
- L : Il y a un problème ?
- J : Non… juste un petit incident bizarre. J'ai reçu un appel de mon concierge. C'est très étrange. La chaîne de mon appart' est en marche et elle passe les Pink Floyd à fond.
- L : C'est sans doute une erreur de programmation.
- J : Cette chaîne n'est pas programmable et je déteste les Pink Floyd. J'ai prévenu la police mais je voudrais aller jeter un coup d'œil. Tu penses que…
Largo accorde son autorisation avec un petit sourire espiègle
- L : Oh tu peux y aller. En fait, Monique et moi devons nous rendre à un cours de danse. D'ailleurs tu pourrais peut être sortir avec Simon, si tu veux.
Joy n'a pas vraiment l'air emballée par cette dernière proposition, elle répond avec une moue explicite et un ton acerbe..
- J : Oh oui, excellente idée, merci.
Mais Largo ne relève pas. Il se lève, attrape sa veste au passage et offre son bras à Monique pour aller faire son devoir avec le sourire, en bon enfant sage…
- L : En avant, ma chère, la piste de danse nous appelle.
Largo et Monique arrivent dans la salle juste à temps pour assister à la fin du cours de danse moderne auquel participe Madeline. Largo ne cache pas que tout cela lui plait…
- Prof : Et un deux trois quatre… et un…
Largo adresse un petit coucou à Madeline qui vient de le repérer, en plein effort…
- Prof :Oui, c'est bien… Et un … et un…
Les roulements de hanches et autres mouvements chorégraphiques font naître des mines gourmandes chez Largo, tandis que Monique le regarde baver avec compréhension… et un soupçon de regret.
- Prof : …deux trois quatre cinq six sept huit… Bien !
- Prof : Stop ! Bravo à tous !
Madeline vient vers ses invités sous les applaudissements des deux spectateurs…
- Ma : Je suis contente que tu aies pu passer.
- L : Tout le plaisir est pour nous ! Belle chorégraphie, chouette musique. Tu es époustouflante :
Les compliments de Largo sont visiblement sincères…
- Ma : Merci.
Monique sent qu'elle est de trop et elle s'esquive subtilement.
- Mo : Je vais me rendre un fier service et courir m'inscrire à ce cours de danse.
Largo a un sourire carnassier qui s'efface dès qu'elle a tourné les talons. Il se concentre sur ce qu'il a à annoncer à Madeline et ça n'a rien de réjouissant…
- L : Madeline, désolé, les preuves qui l'accablent sont nombreuses.
Immédiatement, la miss est sur la défensive et en bonne fille de son père elle attaque…
- Ma : Mon père a réussi à te convaincre, c'est ça ? Hein ? T'en as parlé à Monique et Monique a tout balancé à mon père !
Largo se défend du mieux qu'il peut en lui emboîtant le pas, vu qu'elle lui a tourné le dos…
- L : Non, en dehors de mon équipe personne n'est au courant. Et tu peux me croire ils ont déjà donné beaucoup pour l'enquête.
- Ma : Gilles est innocent, je le sais ! Jamais il mentirait. Vous devez mieux chercher. À moins que cela ne contrarie tes projets avec mon père concernant l'accès au port. Je suis au courant Largo ! Monique aimerait obtenir des avantages pour le Groupe W. Je ne suis pas idiote. Après tout ce que Monique me disait sur toi, je pensais que tu étais honnête. Seulement je faisais une grosse erreur.
Largo sent l'exaspération monter face à ce coup bas. Mais par égard pour la jeune fille amoureuse, il s'efforce de rester calme.
- L : Là tu es en train de te conduire comme toutes les petites gosses de riche trop gâtées qui font leur caprice .
Sa réplique porte quand même et Madeline se radoucit pour justifier son insistance…
- Ma : Je connais Gilles. Je sais qu'il m'aime. Jamais il ne me dirait des mensonges.
Largo souligne la gravité de ce que son équipe a trouvé…
- L : Gilles a laissé sur le corps de sa victime des traces de son ADN. C'est plutôt une preuve imparable.
Mais Madeline se confie totalement à lui et essaye de lui expliquer ce qu'elle ressent, passionnée et au bord des larmes…
- Ma : Je t'en prie Largo, il faut que tu réalises l'enfer que c'est d'avoir un père comme Édouard, d'avoir un père qui surveille chacun de tes mouvements, qui décide pour toi qui tu dois aimer ou non… Il se moquait pas mal que Gilles me rende heureuse… Non c'est sûr sa musique me rendait heureuse. Il m'appelait sa muse. Et c'était réciproque. Sa musique me donnait des ailes, me donnait de l'énergie. Il est si talentueux, si passionné…
- L : Je ne peux rien faire de plus, je suis navré.
- Ma : Alors laisse moi seule. Tu ne me crois pas.
Elle part et laisse Largo à son sentiment d'impuissance coupable, mais Monique est de retour et le tire de sa songerie. Elle l'interpelle d'une passerelle voisine…
- Mo : Largo, je dois aller voir Édouard, c'est son garde du corps qui m'a prévenue. Il paraît qu'il a un cadeau pour moi.
Largo la rejoint, il retrouve un ton enjoué pendant qu'ils se dirigent vers l'ascenseur…
- L : Salue-le de ma part quand tu le verra. J'ai très envie de mieux cerner quel genre d'homme il est.
- Mo : Dis-moi, qu'est-ce qu'il s'est passé avec Madeline ?
- L : Oh, rien du tout…
Largo a un petit sourire mais Monique ne le quitte pas des yeux, elle le prend par le cou…
- Mo : Tu es un piètre menteur, sache-le. Elle t'a parlé de son ex-amoureux, je le sens…
- L : Qu'est-ce qui te fais croire ça ?
- Mo : Eh bien je sais combien elle peut être obsédée par l'hypothétique innocence de ce garçon.
Tout en parlant, Monique lui replace machinalement le col de sa veste et de sa chemise avant de lui tapoter la joue… Largo a un petit sourire piégé.. et il « fuit » vers l'ascenseur qui arrive, libérant trois filles excitées…
- Fille : Voilà… on va l'attendre ici…
Largo et Monique montent dans l'ascenseur désormais vide et la petite discussion reprend sérieusement tandis que l'ascenseur commence à descendre…
- Mo : Je peux t'assurer que si Édouard apprenait que tu as mené ta petite enquête ça le rendrait vert de rage.
- L : Eh bien inutile de lui en parler dans ce cas.
Soudain, l'éclairage a des ratés et après quelques bruits sinistres la cabine commence à plonger. Largo et Monique semblent écrasés au sol [si la cabine tombe, ils devraient plutôt être décollés du sol LOL] il se cramponnent comme ils peuvent aux parois de l'ascenseur fou tandis que Monique pousse des petits cris et que Largo cherche une solution du regard…Enfin, la cabine s'arrête net, projetant ses occupants au sol.
- Mo : Largo ?
Immédiatement Largo se rapproche de Monique avant même d'essayer de se relever…
- L : Ça va ?
Mais une voix sortant de l'interphone focalise l'attention des deux passagers encore secoués…
- Voix off : Ce n'est qu'un avertissement, Monsieur Winch. Ne vous mêlez pas de ce qui ne vous regarde pas.
Cellule de crise au Bunker. Largo fait les cent pas devant Kerensky, Joy et Simon attablés devant les ordinateurs…
- K : Selon moi, une personne a réussi à forcer le tableau électrique et puis a traficoté les circuits de l'ascenseur.
- J : La musique à fond dans mon appartement était prévue dans le but de faire diversion. Ils ont réussi leur coup, ça me rend malade !
- Si : C'est sûrement lié à notre petite enquête sur le rocker assassin.
- L : Qui se cache derrière tout ça ? J'aimerais bien le savoir…
- Si : C'est peut être Colombier lui-même, va savoir. Peut-être qu'il veut nous montrer qui est le patron.
- L : Colombier était l'un des rares amis de mon père. Il n'aurait jamais fait un truc pareil.
Largo tourne brusquement la tête à l'entrée de Sullivan qui reste sur la plate-forme dans l'entrée du Bunker. Pendant la discussion, il ne quitte pas Sullivan du regard, visiblement il analyse toutes les données dont il dispose…
- Su : J'ai une nouvelle.
- L : Allez-y.
- Su : J'ai parlé avec Colombier. Il veut vous rencontrer ainsi que Monique au sujet de l'accès au port. Il vous donne rendez-vous vendredi dans le manoir de la société. Et il espère que vous pourrez emmener sa fille avec vous.
- L : Vous avez eu une discussion avec Monique ?
- Su : Oui. L'idée de cette réunion l'enchante. Elle a sûrement en vue quelques comptes à régler avec Édouard. Que se passe-t-il ?
- L : Non rien…
- Su : Parfait, pour une fois…Dans ce cas, bonne nuit à vous.
- L : Bonne nuit.
Largo, qui s'était accoudé à la plate-forme pour mieux réfléchir revient vers le trio
- L : Épatant n'est-ce pas ?
- Si : Il est plutôt culotté ce Monsieur Colombier. Il se sert de l'accord sur l'accès au port pour qu'on enterre notre petite enquête. Il doit être gêné aux entournures.
Largo se rassoit, le regard fixe, il a pris sa décision et l'annonce froidement.
- L : Il est hors de question de laisser tomber l'affaire. On continue comme si rien ne s'était passé, sans s'inquiéter. À la seule différence qu'on sait que ses porte-flingues nous surveillent. Simon, Joy, je veux que vous partiez pour Paris sur le champ et que…
- Si : Oui, on essaye de parler à Gilles, de retrouver le jeune batteur témoin. On essaie de remuer la poussière, quoi.
- L : C'est exactement ça. Je vous rejoindrai demain avec Madeline. Si son père est vraiment ce qu'elle pense…
- Si : …on le découvrira. On y va, Joy ?
Simon et Joy sont déjà sur la plate-forme, pleins d'élan pour remplir leur mission…
Paris, vue de la tour Eiffel. Le siège social de l'entreprise Colomco est un bâtiment classique et imposant. Dans l'équivalent du Bunker, moins bien équipé toutefois, Ramsey rapporte un doughnut [?] à son patron
- Ra : Un peu d'enthousiasme ! Un souvenir de New York.
Mais celui-ci, furax, ignore le sac que lui tend Ramsey
- Lu : Notre menace n'a eu aucun effet. Joy Arden a demandé l'autorisation de rendre visite à Gilles Saint Denis.
- Ra : Mais c'est totalement absurde. Tu connais Joy, c'est une vraie pro. Elle doit savoir qu'aller voir Gilles ne la mènera à rien.
Finalement, Lucien lui arrache le sac des mains et le jette sur le bureau…
- Lu : Eh bien remets-la dans le droit chemin, ou je le ferai moi-même.
Ils sont interrompus par l'arrivée d'Édouard. Immédiatement, Lucien se lève et les deux hommes se figent dans une sorte de garde-à-vous pour recevoir les ordres de leur patron.
- Éd : Lucien, Monsieur Couture, l'expert comptable, vient de recevoir l'avis de licenciement qu'il méritait. Soyez gentil, veillez à ce que l'on change sa serrure et qu'il débarrasse toutes ses affaires personnelles du bureau.
- Lu : Bien, Monsieur, je m'en occupe tout de suite.
- Éd : Comprenez bien qu'un vice président ne doit en aucun cas s'abaisser à ce genre de si pénibles confrontations.
Dans le Jet, Madeline est plongée dans ses pensées moroses tandis que Monique ne quitte pas des yeux le rideau tiré à l'entrée de la cabine…
- Mo : S'il te plait Largo, laisse-nous admirer ton nouveau costume !
Elle essaye de dérider Madeline…
- Mo : Il a toujours eu un côté divin avec les habits, surtout quand c'est moi qui lui achetais !
Madeline lève un œil poliment… et Largo passe la tête par le rideau… avant de sortir totalement de sa cabine d'essayage improvisée en s'admirant, sous le regard expert et appréciateur de Monique…
- L : J'ai entendu ! Et je confirme. Mais… pour une ex-belle-mère, je dois admettre que tu as toujours eu un goût très sûr.
- Mo : Hm quelle élégance, c'est une merveille ! Je te conseille de le porter demain à la réunion. Je te parie qu'Édouard te demandera le nom du tailleur.
Largo rejoint son siège en face de Monique en soupirant…
- L : Je doute que le climat soit amical à ce point.
Mais Monique a de l'enthousiasme pour deux et elle partage son expérience sous les sourires préoccupés de Largo.
- Mo : Mais si, tu verras. Accuse Édouard, prends-le en flagrant délit et je t'assure qu'il niera, niera et niera encore et encore, exactement comme ton père… duquel tu es si remarquablement différent. Tu es bien plus joli garçon ! Et maintenant, si tu veux bien m'excuser, un vigoureux jeune pilote m'a proposé de visiter la cabine de pilotage, ça ne se refuse pas…
- L : Bien sûr que non !
Largo se détend un instant… il jette un regard appréciateur sur la silhouette de Monique qui se lève pour gagner l'avant de l'appareil… Puis resté seul avec Madeline, il pivote sur son siège pour se tourner vers elle et il hausse la voix pour se faire entendre car elle a son walkman sur les oreilles…
- L : Tu es en train d'écouter sa musique ? Les œuvres de Gilles Saint Denis ?
Madeline sourit, détendue.
- Ma : Oui. Monique a tort tu sais, tu lui ressembles. Tu es comme Nério. Ton père gardait cette photo dans la timonerie de son yacht, près des commandes. On partait en croisière presque tous les étés. C'est toi qui es sur cette photo…
En l'entendant évoquer Nério, Largo s'est figé. Il écoute attentivement et c'est avec une avidité un peu timide qu'il cherche à en apprendre plus
- L : Quelle photo ?
- Ma : C'était une coupure de journal. C'est toi qui es dessus, j'en suis certaine. C'était dans une course de moto ou quelque chose dans le genre où tu aurais dû arriver premier.
Largo est surpris. La réponse de Madeline lui ouvre de nouveaux horizons sur la personnalité de son père…
- L : Le trophée 500. Il avait gardé le journal ?
Madeline, qui a senti sa sensibilité sur ce sujet lui explique doucement ce qu'elle sait et Largo enregistre chaque détail, muet, le regard au loin.
- Ma : Oui. J'avais toujours entendu qu'il n'avait pas d'enfant. Alors je me souviens que je lui ai demandé qui était sur la photo. Sa réponse a été que s'il avait eu un fils, ce garçon était le fils qu'il aurait voulu avoir.
Largo, incapable de dire quoi que ce soit, remercie Madeline d'un simple hochement de tête.
Cour de la prison. Joy attend à l'intérieur, derrière la grille, qu'on introduise Gilles dans la salle des visites. Après lui avoir ouvert, le gardien retire les menottes de Gilles et se poste dans un coin. Joy et Gilles s'assoient chacun à une extrémité de la grande table au centre de la pièce. Le visage de Gilles est encore marqué par son passage à tabac.
- Gi : Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?
- J : Je suis Joy Arden. Je travaille pour Largo Winch. Madeline leur a demandé de se pencher sur votre cas.
À l'évocation de Madeline, Gilles réagit immédiatement.
- Gi : Madeline ? Vous lui avez parlé ? Comment va-t-elle ?
Joy reste posée, calme et pragmatique, presque froide…
- J : Ça va. Mais je suis venue pour qu'on parle de vous.
- Gi : Qui me dit que je peux avoir confiance ?
- J : Personne. Mais franchement, de là où je suis, je vois quelqu'un qui n'a rien à perdre. Soit vous avez confiance en moi, soit vous tirez vos quinze ans. Et c'est à vous de choisir.
- Gi : C'est bon, d'accord. Qu'est-ce que vous voulez savoir ?
- J : Toute la vérité. Et inutile de me mentir parce qu'on découvrira la vérité ainsi que Madeline.
De nouveau, Gilles réagit immédiatement, il regarde Joy droit dans les yeux…
- Gi : J'ai jamais menti à Madeline.
Joy ne se laisse pas démonter, elle poursuit sans faiblir.
- J : Je vous le souhaite. Quels étaient vos liens avec Chantal Robert ?
- Gi : Elle traînait souvent au Green Doors, un club ou j'ai parfois joué avec mon groupe. Je l'ai peut-être vue trois fois dans ma vie.
- J : Et vous fréquentiez déjà Madeline ?
- Gi : Ça n'a rien à voir avec la question.
- J : La preuve qui joue le plus en votre défaveur, c'est l'ADN. si vous êtes innocent, quelqu'un vous a piégé. J'imagine qu'avec Madeline vous aviez des relations physiques…
Gilles ferme les yeux, bourré de remords.
- Gi : J'ai été stupide. J'aurais dû accepter l'argent, arrêter de la voir. Ça lui aurait évité de vivre tout ça.
Cette fois Joy est surprise. Elle sent qu'elle tient enfin une piste…
- J : Quoi ? Quel argent ?
- Gi : Une semaine avant que je me fasse arrêter, ces types sont venus chez moi. Ils m'ont offert la somme de cent mille dollars pour que je quitte Madeline à la seconde. Ils se sont pris l'argent à travers la figure.
- J : Quelle a été leur réaction ?
- Gi : Ils m'ont tabassé. Ils m'ont offert cinquante mille de plus. Ils m'ont dit que si je ne prenais pas l'argent je faisais une grosse erreur.
- J : Est-ce que vous en avez parlé au procès ?
Gilles reste calme, le regard franc et direct
- Gi : Bien sûr que non ! Mon cher avocat, Maître Paret, a dit que ça ne ferait que jeter le discrédit sur le nom de Madeline. J'étais d'accord avec lui. J'imaginais pas que ça deviendrait nécessaire. Quelqu'un d'autre a tué Chantal Robert, et c'est pas moi.
Paris, sur les bords de la Seine, près de Notre Dame, Simon regarde passer les bateaux-mouches devant la terrasse d'un café. Petit bouc sous la lèvre, grosses bagues aux doigts, piercings aux oreilles et chemise improbable, il attend en mâchant son chewing-gum l'arrivée du batteur mené à la baguette par une jeune fille à la chevelure violette et au look ravageur
- Berta : Taylor Noir, je te présente Simon Hendricks.
- Si : Salut, ça roule ?
- Be : C'est quoi le nom du canard où vous bossez, déjà ?
- Si : Le New York Rocker. J'prépare un article sur les batteurs qu'assurent en Europe, et j'voulais te rencontrer, quoi.
Simon leur fait signe de s'asseoir à une table à la terrasse
- Be : Simon a su que tu avais une expérience de musicien de studio à Londres…
- Si : Ben j'fais mon boulot, moi. Assieds-toi ! Ah Taylor, mon pote, t'es vraiment un mec archi-dur à atteindre ! Laisse-moi t'offrir à boire. S'iouplait !
- Be : Il fait une pause là, alors il a pas trop le temps, il va falloir qu'il retourne au studio.
Pour tout dire, Taylor est complètement muet depuis leur arrivée. Il est pâle comme un linge et visiblement pas dans son assiette. Berta meuble et assure à sa place… devant un Simon qui fait mine de ne se rendre compte de rien.
- Si : OK
Finalement, le type émerge un peu, pour la plus grande gêne de son amie….
- Ta : Combien je gagne pour l'interview ? C'est que j'voudrais être payé..
- Be : Taylor ! On a déjà du bol qu'il veuille nous parler ! Alors ça va, tu crains !
- Ta : OK d'accord. Seulement, si vous voulez, faudrait faire vite parce que je me sens un peu vaseux, là.
Simon rattrape le coup sans rien laisser paraître. Il pose un petit magnéto en évidence sur la table et commence son « interview ».
- Si : Eh comme tu veux hein. Ok, comme je l'ai dit à Berta, euh j'ai pris une sorte de thème sur ce numéro. C'est le printemps. Et je pensais que le printemps dernier a dû vraiment être sérieusement délirant pour toi. Ah ça hein entre les plans musique à Londres, le procès…
Immédiatement, Berta est sur ses gardes, tout comme un type qui les écoute plus ou moins discrètement, depuis le bar…
- Be : Quel procès ?
- Si : Ben l'autre musicos, là, Gilles.. Saint… Saint Denis ? T'as témoigné, non ?
Mais cette fois, l'enrobage ne sert à rien. Berta protège son poulain qui se grouille de filer malgré la tentative de Simon de le retenir…
- Be : Taylor ! Lève-toi et part ! Dégage !
- Si : Eh ? Eh eh eh ?
- Be : Pas d'embrouille. Rien ne l'autorise à vous parler de cette histoire.
Du coup, Simon essaye de sauver les meubles en questionnant la fille…
- Si : Quoi ? C'était dans tous les journaux ! C'est pas un secret. À moins que quelqu'un lui ait donné un tas de fric pour inventer sa version…
Simon la retient un instant avant qu'elle ne file, mais Berta a des arguments et elle est décidée à ne pas se laisser faire.
- Be : Attention, un conseil, foutez le camp ou je me mets à hurler que vous m'avez tripotée !
- Si : Eh eh eh ! Ça va maintenant. Tu crois vraiment que tu seras prise au sérieux ici ? Il y a peut-être un innocent en prison et tu le sais très bien !
- Be : Hm
Sans un mot, Elle se dégage et se tire… Simon récupère ses affaires en jetant un coup d'œil sur les témoins de l'esclandre puis il part à son tour… alors que le type du bar lui emboîte le pas…
À la sortie de la prison, Joy s'apprête à monter dans sa voiture quand elle voit une grosse boîte rouge enrubannée, en forme de cœur, sur son pare-brise. Après une brève hésitation, elle la prend prudemment quand un homme l'aborde par derrière… posément… et à distance respectueuse…
- Ramsey : J'espère que tu aimes les truffes…
La conversation s'engage, le ton est faussement détendu, les sourires sont un peu gênés et une certaine attirance réciproque flotte dans l'air et dans les regards…
- J : Ça alors ! Se revoir devant une prison française, qui aurait pu le croire… à qui rends-tu visite, Ramsey ?
- Ra : Toi ! C'est vraiment une joie de te revoir… Tu m'as beaucoup manqué, mais tu t'en moques.
- J : Dès le début, je t'ai dit que ça ne marcherait pas. Je ne suis pas mécontente d'avoir essayé.
- Ra : Ah moi non plus ! Alors ? Comment va ce cher Gilles Saint Denis ?
- J : Oh, bien. Je dirais qu'il s'accroche. Tu arrives à supporter cette brute d'Édouard Colombier ?
- Ra : Et toi, tu arrives à supporter ce prétentieux de Largo Winch ? Il doit passer son temps à te faire des avances…
Ramsey promène un œil connaisseur sur la silhouette de Joy…
- J : Ça, ça ne regarde que moi.
- Ra : Écoute, on a assez perdu de temps. J'ignore combien Winch te paye, mais on paye mieux que lui. Lucien cherche des gens de métier, alors monte à bord, rejoins-nous ! Arrête de jouer les soubrettes pour Largo, tu es en train de gâcher ton talent.
- J : C'est vraiment comme ça que tu me vois ?
- Ra : Il vous utilise, toi, Kerensky et l'autre type, pour céder aux caprices de la fille Colombier et se la mettre dans la poche et son papa ensuite…
Joy qui jusque là souriait plus ou moins sincèrement redevient brutalement froide et distante. Elle tourne le dos à Ramsey pour monter en voiture, sans oublier de lui rendre sa boîte de truffes… sans la moindre douceur.
- J : Excuse-moi… J'ai une longue route à faire.
Ramsey la regarde partir, admiratif.
De leur côté, Largo et Simon se sont rejoints à l'aéroport. Ils font le point dans le cabriolet Mercedes que Largo conduit d'une main experte dans les rues de Paris.
- Si : Alors, ton vol ?
- L : Oh très bien. J'aime bien Madeline, c'est une chouette fille. Elle mérite un peu de bonheur.
La remarque de Largo attise la curiosité de Simon, ce qui déclenche le rire de Largo.
- Si : Tu lui en a donné ?
- L : Ah, ce n'est pas ce que tu penses. Au fait, c'est quoi ce nouveau look ? Tu joues les doublures de star du rock ?
- Si : Les taupes chez les branchés du rock'n roll. Garde tes sarcasmes sinon je ne te présente aucune groupie.
- L : T'as retrouvé le batteur ?
- Si : Oui. Drôle de témoin oculaire, je te jure ! Kerensky s'est un peu tuyauté sur lui. C'est une balance pour la police et quand tu l'auras vu, je peux t'assurer que c'est aussi un junkie.
Dans une rue étroite, Largo ralentit en voyant un camion poubelle au travail devant eux…
- L : N'importe quel avocat un peu dégourdi aurait pu démolir sa crédibilité lors du procès. Ça sent la corruption à plein nez
- Si : Oh comme ces poubelles !
- L : Tout juste !
Arrêtés derrière les éboueurs, Largo et Simon continuent de papoter tranquillement
- Si : Ah au fait, j'allais oublier. C'est pas grave, mais ça pourrait être important. Un type m'a filé le train…
Largo n'a pas l'air surpris. Il jette un coup d'œil de vérification dans le rétroviseur…
- L : Eh bien sois tranquille, c'est encore le cas. Depuis qu'on a quitté l'aéroport, il est juste derrière nous.
Les deux hommes se retournent sur leur siège pour regarder leur suiveur… Largo a un air goguenard.
- Si : Oui, c'est bien lui.
- L : Ah il tient à toi. Ce serait poli de lui signer un autographe maison…
Avec une grimace féroce, Largo enclenche la marche arrière, il enfonce l'accélérateur… et fracasse le capot de la voiture suiveuse, déclenchant l'airbag du conducteur, avant que celui-ci ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Puis Largo et Simon descendent calmement de la Mercedes qui a encaissé le choc sans problème et ils passent tranquillement à la phase 2 : Largo, penché à la portière du conducteur engage la conversation avec le malheureux coincé par son airbag tandis que Simon, penché par l'autre portière le malmène encore un peu… tandis que le pauvre type bredouille le souffle bloqué.
- L : Ah mon Dieu, je suis désolé. Mon nom est Largo Winch ; et vous, vous êtes… ?
- Howie : Aouille.. lâchez-moi !
- L : Dites-moi qui vous emploie et le rocker fou vous lâchera.
- Howie : AAHH OHHH Colomco
- L : Soyez plus clair… Colomco ?
Subtilement, Simon n'a pas résisté à la tentation de faire les poches de leur victime…
- Si : Il a une carte Colomco sur lui.
- L : Ah ça simplifiera les démarches. Mon avocat se mettra en contact avec le vôtre.
Largo tapote le toit de la voiture d'un air moqueur puis la fine équipe regagne nonchalamment la décapotable et abandonne là le gars dans son épave.
De retour dans le Jet qui une fois de plus, rangé dans un hangar, lui sert de bureau, Largo entame une vidéoconférence avec le Bunker, installé confortablement en face de l'écran, un verre de lait à la main…
- K : Excuse tous ces parasites. J'essaye un nouveau relais protégé et ça passe par Moscou. Ça prend une minute à se lancer, mais au moins c'est sécurisé.
- L : Le signal est déjà meilleur. J'espère que tu as des nouvelles de Joy parce que nous non.
- K : Elle revient de la prison de Moulins. Elle m'a dit qu'elle croyait la version de Gilles ; mais elle n'a pas voulu en dire trop sur son cellulaire et en plus elle a été suivie.
Simon revient du bar, un bon whisky à la main, avant d'entreprendre d'enlever à grand peine ses piercings des oreilles tout en suivant la discussion, assis en face de Largo, à côté de l'écran…
- L : C'est la mode, on dirait. Simon, tu veux un peu d'aide ?
- Si : Ouais… ahhh. Merci. Merci !
Largo a tiré brutalement sur le plus gros des anneaux, sans pitié pour Simon qui finalement préfère finir seul… et délicatement !
- L : Encore heureux que tu aies laissé les bouts de seins sans rien !
- K : Une petite question, Largo. Quelles sont les probabilités que la Colomco ait un Service de sécurité tenu secret ?
- L : Mon père en avait un. Colombier en a sûrement un. Je suis sûr qu'ils passaient leurs étés à mitonner des sales petits coups ensemble. Pourquoi ?
- K : Parce qu'en épluchant le rapport d'autopsie de la fille, j'ai découvert un point qui a pu être laissé de côté. Mais je pense qu'il a été étouffé par des pros.
- L : Et c'est quoi ?
- K : Il y a un fragment d'ADN qui ne correspond pas à celui de Gilles Saint Denis. Et il a bien été trouvé sur le corps de Chantal Robert.
- L : Un deuxième agresseur…
- K : Je savais que ça te plairait.
- Si : Ça nous donne des ingrédients pour aller cuisiner Taylor.
- L : Sans oublier l'avocat de la défense. Il a suffi qu'on arrive ici pour qu'il quitte la ville. Cet abruti aurait voulu avouer sa culpabilité, il ne s'y serait pas mieux pris… Une seconde, je crois que Joy est là.
Largo a entendu Joy arriver. Elle fait son entrée dans la cabine et balance ses affaires dans un coin en prenant la conversation au vol…
- L : Content de te voir. Alors, nos amis t'ont suivie jusqu'ici ?
- J : Nos amis le sont encore plus que tu ne peux l'imaginer. Ce n'est pas n'importe qui.
- Si : Ce sont les agents de sécurité de la Colomco.
- J : C'est exact. Dirigés par Lucien Carver et Ramsey Cole. Vous les connaissez, j'imagine. Ils travaillaient pour le Groupe avant ça.
- Si : Ils faisaient partie des gars que tu as virés juste après l'assassinat de Nério.
- L : Je me souviens qu'ils étaient soupçonnés d'avoir été mêlés à la mort de mon père. J'ai pas hésité à les virer une seule minute.
- J : C'est sans doute la raison pour laquelle ils sont si teigneux.
- L : Non. S'ils sont si teigneux avec nous, c'est parce qu'Édouard Colombier se rend bien compte qu'on touche au but. Gilles Saint Denis ne devrait pas être en prison. Et il en sortira bientôt.
Largo est visiblement déterminé…
Devant le siège européen de la Colomco, la limousine de Largo s'arrête. Largo et Monique sortent de l'arrière tandis que Joy assise à coté du chauffeur les rejoint, la mine fermée, très garde du corps en service aux ordres d'un Largo excessivement patron qui lui parle sans ménagement.
- L : Tu nous attends dehors.
Joy reste près de la voiture tandis que Largo offre le bras à Monique pour monter sur le perron. Ils ne sont pas arrivés en haut que Joy rappelle Largo d'un air pincé.
- J : Est-ce que je peux te parler une minute ?
Largo abandonne Monique pour redescendre avec assurance vers Joy
- L : Monique, vas-y. Je te rejoins plus tard.
Tout en s'adressant à Joy d'un ton caustique, il rajuste nonchalamment son pantalon en passant les pouces autour de la taille, imbu de son pouvoir… avant de tripoter les fesses de Joy sous l'œil vigilant de la caméra de surveillance.
- L : C'est à propos de la petite folie de la nuit dernière ?Hm ? Ne me dis pas que ça t'a gênée. Depuis le temps qu'on travaille ensemble, on se connaît bien maintenant.
Sa scène jouée, Largo croise les bras, le regard satisfait, pas mécontent de sa prestation. En douce il demande l'avis de Joy, immobile à côté de lui, le regard planqué derrière ses lunettes noires…
- L : Tu penses qu'ils vont y croire ?
- J : Ramsey va tomber dedans comme un seul homme. Recommence…
Joy, impassible, lui confirme qu'il s'y est bien pris, mais qu'après tout… un petit supplément serait plus sûr ! Largo lui jette un petit regard en coin espiègle, surpris… et il s'exécute sans se faire prier… de nouveau il fait pouêt-pouêt avec gourmandise… et pour faire bon poids, il rajoute quelques petites tapes sur la croupe de Joy…
- L : Comme ça là ? Ça va ?
…qui commente posément, avec beaucoup d'ironie…
- J : C'est fabuleux.
Sur l'écran de contrôle, dans leur Bunker, Ramsey et Lucien ont observé toute la scène. Ils jubilent effectivement en voyant Joy mâcher sa rancœur en faisant les cent pas tandis que Largo remonte allègrement la volée de marches du perron.
- Ra : Oh elle est furax !
- Lu : Ne la lâche pas. Si elle essaye d'entrer en contact, fouille-la minutieusement.
Dans le bureau à l'étage, Édouard et Madeline se parlent devant la fenêtre, sans se regarder, comme absorbés par la vue extérieure… entre eux, l'incompréhension est totale… et le ton monte.
- Ma : Papa, je veux juste lui rendre visite. Il me manque. Ils ne me laissent pas entrer dans la prison sans ta permission.
- Éd : Madeline, s'il te plait, Largo arrive, alors tiens-toi…
- Ma : Tu es content, hein ? Tu es content qu'il soit hors circuit. Je l'ai perdu à tout jamais et c'est ta faute ! Tu as fabriqué le meurtre !
- Éd : Madeline ! Comment peux-tu penser une horreur pareille ?
- Ma : Celle que j'étais [?] n'existe plus, car je sais quelle ordure tu es. Je connais les moyens odieux que tu utilises, et tu veux savoir ce que je pense ? J'ai honte d'être ta fille.
Parvenue à la limite de la violence verbale pure, Madeline plante là son père défait et amer. Elle se rue dans les escaliers et fonce dehors sans jeter le moindre regard à Largo et Monique qui attendent sagement, assis dans le hall le long de l'escalier, une revue à la main.
- L : Madeline ? Madeline !
À son passage, Largo se lève et l'appelle, il hésite à la suivre mais à son tour Édouard descend quelques marches et les invite à le rejoindre, comme si de rien n'était.
- Éd : Bienvenue. Excusez-moi, vous avez dû attendre…
Largo et Monique lui emboîtent le pas jusqu'à son bureau.
De son côté, Joy a fini par se décider à entrer. Elle regarde autour d'elle tranquillement devant le bureau d'accueil tandis que le gardien perturbé se demande ce qu'elle peut bien attendre, vu qu'elle ne lui demande rien.
- Gardien : Mademoiselle ?
Heureusement pour le vigile, Ramsey arrive et prend les choses en main avec assurance, alors que Joy qui n'a pas quitté ses lunettes de soleil garde la tête haute face à lui.
- RA : Tout va bien, elle est ici pour me voir.
- J : Tu as toujours été si sûr de toi.
- Ra : Oh moi tu me connais, j'ai toujours aimé être au top. Est-ce que je peux savoir pourquoi tu es venue ?
- J : Ta proposition de boulot m'intéresse.
- Ra : Excellent. On va monter pour voir Lucien. Mais il va falloir que tu te soumettes à une fouille de routine.
Ramsey sort un petit détecteur et le promène le long du corps de Joy. Le détecteur s'affole devant le flanc gauche de Joy. Ramsey écarte sa veste et plonge la main sous l'aisselle de Joy. Il cueille l'arme dans l'étui et l'admire tandis que Joy sourit enfin sous le compliment.
- Ra : Une arme de glace au cœur brûlant. C'est ma combinaison favorite.
- J : C'est la mienne aussi.
Mais Ramsey continue le passage en revue et de nouveau le détecteur s'emballe, devant la cuisse de Joy, cette fois. Là encore, la main de Ramsey part à l'aventure… il remonte la jupe avant de saisir l'arme glissée dans la jarretelle en dentelle du bas de Joy…
- Ra : Tu sais, Joy, je commence à oublier que tu m'as brisé le cœur. Je poursuis la fouille ?
- J : C'est à toi de décider, mon cher… Sache qu'on était deux à souffrir dans cette histoire, tu sais ce que je ressentais pour toi..
Ramsey continue de promener le détecteur, mais il n'est plus très attentif au bip-bip qui en émane…
- Ra : Non, je n'ai jamais été tout à fait certain.
- J : Ça ressemblait un peu à ça…
Et Joy lui roule un patin monumental… tandis que le détecteur s'emballe à proximité des poches de Ramsey où ont disparu les armes de Joy, dans l'indifférence totale des anciens amants…
- Ra : Il faut que tu discutes avec Lucien.
- J : Ah il faut toujours revenir sur terre. À chaque fois que j'ai bossé avec ce type, il m'a filé des sueurs froides.
- Ra : Oh mais tu as encore le temps de changer d'avis.
- J : Non. J'en ai plus que marre de Largo Winch. Il pense que je suis juste bonne à tripoter.
- Ra : C'est pas le genre de soucis que tu rencontreras avec Lucien. C'est loin d'être le genre de chose qui le flatte.
- RA : Il n'y a que de toi dont je dois me méfier…
- RA : Hm.
L'ambiance et chaude et Ramsey sourit, flatté
Sur les quais parisiens, les flics finissent d'emballer Taylor, que la mort a rendu encore plus pâle si c'est possible. Simon qui vient d'arriver se faufile entre les badauds et les agents juste à temps pour voir un flic remonter la fermeture du sac sur le visage du batteur.
- Policier : Allez circulez, il n'y a rien à voir.
- Si : Pardon, excusez-moi.
Un peu à l'écart de toute cette agitation, il rejoint Berta qui pleure. Il s'assoit près d'elle et lui passe le bras autour des épaules et la serre contre lui pour essayer de la consoler, vraiment compatissant.
- Be : Il a fait une overdose et il est mort ! C'est de ma faute ! J'aurais tant voulu pouvoir faire quelque chose. Il était plus le même depuis le procès.
- Si : C'est pas ta faute. Ça va aller… Ça va aller…
À la Colomco, Ramsey a conduit Joy au Bunker. Lucien, oreillette en place, se lève pour les accueillir et la confrontation commence sous l'œil attentif de Ramsey qui reste un peu en retrait, tandis que Lucien et Joy font assaut de cordialité…
- Ra : Lucien… Joy.
- Lu : Joy ! Cela fait combien de temps ? Peut-être un an ?
- J : Je parie que vous le savez.
- Lu : Oui, vous avez raison. C'est la première fois que je me faisais renvoyer. Dites-moi, pourquoi Largo s'intéresse-t-il à cette affaire de meurtre ? C'est étrange. Croit-il vraiment que Gilles est innocent ?
- J : Voyons, ce n'est pas un secret. Il veut contenter Madeline ainsi que ce bon vieux Édouard, c'est simple. C'est une manière de gagner sur les deux tableaux. Malin, hein.… Au fait Ramsey m'a parlé d'un travail…
- Lu : Continuez à me renseigner comme je le veux et nous pourrons en discuter.
Mais Lucien s'interrompt et porte la main à son oreillette , attentif à ce qu'elle lui transmet…
- Lu : Vous feriez mieux de retourner auprès de Largo. Son rendez-vous ne va pas durer très longtemps.
- J : D'accord. je vous tiens au courant…
Pendant la discussion, Joy qui a ses lunettes à la main s'est appuyée sur une étagère. Elle s'apprête à partir en les laissant là, mais Lucien la rappelle…
- Lu : Oh euh, vos lunettes de soleil..
Lucien lui tend ses lunettes, mais en les récupérant, Joy les laisse tomber.
- J : Oups pardon…
Elle se baisse rapidement pour les ramasser… et en profite pour glisser une espèce de petite pièce sur le coin d'une étagère, sous un appareil, en se relevant. Puis elle prend congé et sort avec un naturel parfait.
- Ra : Elle m'avait dit que vous la rendiez nerveuse…
- Lu : Sachez que je prend ça comme un compliment. À bientôt Joy…
- J : Au revoir…
Dans le bureau d'Édouard, Largo et Monique sont assis dans les fauteuils des invités. Largo finit de signer un document qu'il rend à Édouard, dans la bonne humeur générale.
- Éd : Voilà, l'affaire est conclue. Ça a été plus facile que prévu.
- L : Parfait. Sullivan et le conseil d'administration vont être ravis.
- Éd : Je serais heureux que vous me fassiez l'honneur de votre présence demain au petit cocktail que j'organise chez moi. Nous annoncerons notre accord.
Mais Largo se lève, soudain très sérieux.
- L : Monsieur Colombier, il y a encore un problème que nous devons régler. Je n'aime pas être surveillé.
Édouard feint la surprise…
- Éd : Surveillé ? De quoi est-ce que vous parlez ?
Mais à son tour, Monique se lève pour appuyer Largo…
- Mo : Édouard, s'il te plait ne nie pas que tu l'as mis sous surveillance. Tu ne mens pas aussi bien que ce cher Nério.
Coincé, Édouard décroche le téléphone.
- Éd : Dites à Monsieur Carver de passer dans mon bureau.
Puis il tente de détendre l'atmosphère…
- Éd : Le cocktail est en l'honneur de Monsieur Carver. Vous devez le connaître, non ?
Mais Largo n'est pas disposé à se laisser manipuler. Son ton est excessivement froid…
- L : Je ne crois pas. Il a été engagé par Nério.
Ce qu'Édouard feint de ne pas remarquer, fier de son recrutement…
- Éd : Vous avez fait une terrible erreur de l'avoir laissé partir. Lucien est un très bon élément.
Heureusement, Largo est dispensé de répondre par l'arrivée de Lucien qui après de brèves présentations essuie un semblant de savon de la part de son patron faussement scandalisé…
- Éd : Ah Lucien ! Vous vous souvenez de Monsieur Winch et de madame Winch-Hastings, n'est-ce pas ?
- Lu : Je m'en souviens.
- Éd : Monsieur Winch a l'impression d'être surveillé…
- Lu : C'est la procédure standard pour tous les flirts de Madeline.
- Éd : Monsieur Winch est le fils de Nério, vous comprenez ?! Annulez cette procédure sur le champ.
- Lu : Ça ne se reproduira plus, monsieur.
Après les excuses toutes administratives de son employé Édouard classe l'incident et conclut l'entretien avec le sourire…
- Éd : Je vous prie d'accepter mes excuses. À demain, je compte sur vous. Il faudra que vous me donniez l'adresse de votre tailleur.
…tandis que Monique triomphe en silence et que Largo la félicite du regard avant de lui ouvrir galamment la porte.
- L : Bien. À demain alors. Au revoir.
Monique et Largo sortis, Édouard, effleuré par un doute, vérifie quand même quelques points avec son chef de la sécurité.
- Éd : Ce… Saint Denis, dites-moi, vous lui avez bien remis l'argent ?
D'un simple clignement de paupières, Lucien acquiesce tranquillement…
- Éd : Vous êtes sûr que nous sommes étrangers à ce coup monté ?
- Lu : Absolument.
Estimant avoir obtenu les réponses qu'il attendait, Édouard s'en tient là, satisfait.
Dans le Jet comme au Bunker du Groupe W, l'écran de l'ordinateur retransmet fidèlement les images prises par la caméra que Joy a caché chez l'adversaire, tandis que Joy, Largo et Simon sont en liaison avec Kerensky. [bien que le Jet soit toujours dans son hangar, les hublots montrent un ciel bleu LOL]
- Si : Chapeau ! Ils n'ont toujours pas repéré ta micro-caméra.
- K : C'est dans ce but que je l'ai conçue. Elle fonctionne sur une source d'énergie existante et émet un signal digital AV à travers les fils qui lui servent d'antenne…
- J : Tant qu'elle se sert pas de ta tête…
Kerensky, allongé sur sa chaise, les mains derrière la nuque savoure son succès malgré la pique que Joy n'a pas pu s'empêcher de lui envoyer sous les sourires amusés de Largo et Simon. Comme pour l'instant le Bunker de la Colomco est désert, l'équipe en profite pour faire le point.
- K : Je viens de recevoir l'analyse du sang de Taylor Noir. Il ne correspond pas à celui du deuxième agresseur.
- Si : Ah oui. Taylor n'était pas sur le lieu du crime. On a acheté son témoignage.
- J : Et ils ont payé Gilles pour qu'il ne voie plus Madeline. Mais quand il a refusé, ils ont pensé à une solution plus radicale.
- Si : Avec l'avocat de Gilles dans la combine, il sont son analyse ADN dans leur poche.
- Si : Et l'assassin court toujours. À qui ils pourraient faire confiance pour ce boulot ?
- K : Joy, parle-nous du joli petit monde du Colomco-Intel. Quel est le profil de Lucien Carver ?
- J : C'est un ambitieux doublé d'un pervers. Il surfait tout le temps sur des sites très glauques.
- Si : Et celui de Ramsey ?
- J : C'est un cow-boy, pas un tueur. Mais ils exécutaient les ordres du patron. S'il voulait que Gilles ne voie plus Madeline, son vœu a été exaucé.
Largo a le regard dans le vague…
- L : Mon père avait des amis vraiment fantastiques. L'argent leur fait croire qu'ils peuvent tout se permettre, tout se payer…
Soudain, Kerensky attire leur attention en voyant Lucien venir faire des heures sup. sous l'œil indiscret de la micro-caméra…
- K : Lucien travaille tard, ce soir !
Lucien s'est installé devant son ordinateur.. et il visionne des bouts de film où on voit une jeune femme jouer de la guitare sur les quais, se recoiffer, faire du lèche-vitrine ou encore discuter avec quelqu'un qui pourrait bien être Gilles
- L : Mais c'est Chantal Robert, la fille qui a été assassinée.
- J : On dirait les images d'une caméra de surveillance.
- K : Ils ont dû chercher longtemps avant de trouver la victime idéale.
- L : À qui faire confiance pour ce genre de boulot ? Tu ne peux faire confiance à personne. Il n'y a que toi pour le faire…
L'équipe observe Lucien qui visiblement passe un bon moment à revoir ces images, content de son œuvre et de son génie…
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L'heure de la réception a sonné. L'équipe arrive devant le siège parisien de la Colomco dans une superbe limousine à six portes. Simon et Joy sortent du milieu tandis que Largo sort par l'arrière gauche et vient aussitôt à droite offrir galamment le bras à Monique pour l'aider à sortir tandis que le chauffeur tient la portière… alors que juste à côté, Simon referme sa portière d'un bon coup de fesse !
- L : Monique, tu es prête ?
- Mo : Tu veux que je te dise ? Je préfèrerais être sur un plage à siroter un cocktail…
- L : Tu devras juste dire à Édouard ce que j'ai fait pour Madeline.
Monique fait une courte pause pour vérifier son maquillage et sa coiffure dans un petit miroir qu'elle a tiré de son sac…
- Mo : Oh rien que ça ! Eh bien sache que demander à une femme quel âge elle a ou demander à un homme s'il a fait tuer le chéri adoré de sa fille, désolée, mais ça ne se fait pas.
Malgré lui, Largo se sent gêné, il regarde au loin…
- L : Monique..
- Mo : Ne t'en fais pas. Je sais ce que j'ai à faire.
- L : Regarde le bon côté des choses. Si Édouard ignore tout, c'est que le coupable est quelqu'un de la sécurité. Viens…
Largo passe à gauche de Monique et lui donne le bras pour monter les marches du perron., tandis que Monique l'observe avec curiosité…
- Mo : Tu es bien le fils de Nério. Tu adores être mêlé à ce genre d'intrigues. C'est la seule raison de ta présence…
Piqué au vif, même s'il n'en laisse rien paraître, Largo regarde Monique droit dans les yeux…
- L : Non. Je suis là pour Madeline. Je sais combien c'est difficile d'être l'enfant unique d'un homme puissant.
- Mo : Ah… oui… ça aussi…
Monique n'est qu'à moitié convaincue.
- Mo : Allons-y
Largo et Monique font leur entrée dans la salle de réception tandis que Joy et Simon y sont déjà. Joy commence à ôter sa veste. Simon, à ses côtés, se précipite pour l'aider et la débarrasser tandis qu'un serveur zélé vient leur offrir un verre et récupérer la veste.
- J : Merci
- Serveur : Une coupe de champagne ?
- J : Oui, avec plaisir. / Si : Merci.
- Serveur : Madame…
- J : Excusez-moi.
Joy s'enfonce dans la foule avec un regard pour Ramsey qui la suit des yeux, admiratif, tandis que Simon voit passer Monique…
- Si : À vous de jouer
Monique poursuit sa route et rejoint Madeline qui discutait avec deux amies. Elles s'embrassent.
De son côté, Largo a rejoint Simon, et après lui avoir glissé quelques mots à l'oreille, il salue Lucien qui s'approchait et lui serre la main.
- L : Monsieur Carver ! Félicitations !
- Lu : Merci, Monsieur Winch.
Simon à son tour tend la main à Lucien.
- Si : Simon Ovronnaz, du Groupe W. Enchanté de faire votre connaissance.
La poignée de main de Simon, plus que vigoureuse arrache un petit cri à Lucien…
- Lu : Ahoh !
… qui regarde sa paume où le sang perle, sous le regard curieux de Largo.
- Si : Excusez-moi. Ma bague s'était mise à l'envers.
Lucien jette un regard noir et suspicieux à Simon avant de s'éloigner sans faire de vague. Aussitôt qu'il a le dos tourné, Simon retire sa bague et la glisse dans un petit sachet en plastique devant un Largo complice et admiratif…
- Si : Et voilà. Un peu de sang pour Kerensky.
- L : Bien joué, Simon. Tu as faim ?
Largo a le regard fixé au loin vers le buffet…mais Simon n'a pas remarqué…
- Si : Oh non, pas maintenant.
Alors Largo insiste en faisant un petit signe de tête pour désigner quelque chose à Simon. Une jolie fille ?
- L : Je te dis que tu as faim !
- Si : Ah... oui… J'ai faim !
- L : À tout à l'heure !
En tout cas, cette fois Simon file avec un grand sourire droit sur le buffet… tandis que Largo repère Madeline en pleine discussion avec une amie. Mais Largo n'a pas le temps d'ébaucher le moindre mouvement dans sa direction qu'une jeune fille entreprenante se plante devant lui pour l'aborder. Largo se comporte poliment… tandis que Lucien, le regard mauvais et plus soupçonneux que jamais, le surveille de loin.
- L : Ah bonjour.
- SA : Bonjour.
- L : On se connaît ?
- Sa : Sabrina Van Peters.
- L : Enchanté, Mademoiselle…
De son côté, Édouard danse avec Monique. Lui aussi observe Largo avec amertume…
- Éd : Voilà donc comment Largo Winch fait des affaires. En tournant ma fille contre moi…
Vu qu'il a abordé le délicat sujet, Monique se lance avec des pincettes sans cesser de danser, les yeux plantés droits dans ceux de son cavalier.
- Mo : Édouard, en raison de notre très longue amitié, je tiens à te prévenir. Si tu as essayé de piéger Gilles, Largo va le découvrir.
Devant le buffet, Joy approche l'air de rien de Lucien. Elle lui parle sans le regarder, à voix basse, tout en prenant avec doigté une cerise sur un plateau
- Mo : Largo a découvert deux types d'ADN sur le corps de la fille assassinée par ce pauvre Gilles. On n'en a pas parlé au procès.
Puis elle s'éloigne, la cerise entre les dents, sous la discrète observation admirative de Largo, toujours alpagué par la même demoiselle…
Édouard, lui, abandonne Monique au milieu de sa danse pour aller affronter Largo qui dans le même temps se libère enfin de sa conquête…
- Éd : Excuse-moi.
- Sabrina : À plus tard !
Et le face à face s'engage. Si Édouard parle posément, son ton n'en est pas moins menaçant.
- Éd : Si vous n'arrêtez pas tout de suite votre enquête, je vous écraserai, vous et votre compagnie.
Ce qui fait naître un sourire condescendant sur le visage de Largo qui visiblement ne ressent pas la moindre crainte. Et cela a le don d'exaspérer Édouard.
- Éd : Vous croyez que j'hésiterais ?
Avec l'assurance du juste, Largo retourne la menace sans se départir de sa bonne humeur..
- L : Cela n'arrêtera pas la vérité. Et si vous avez comploté pour faire enfermer un innocent en prison, je vous garantis que vous le paierez.
Édouard ne peut s'empêcher d'admirer le cran de son adversaire. Finalement il estime que Largo a mérité une explication, tandis que dans les parages, Lucien ne perd pas une miette de l'échange.
- Éd : Je crois que vous êtes aussi buté que le vieux Nério. Vous voulez la vérité ? La voilà. J'ai payé Gilles pour qu'il arrête de voir Madeline. Une semaine plus tard, il tue une fille. J'avais raison à propos de ce type. Il ne vaut rien du tout.
Mais contrairement à l'attente d'Édouard, qui pensait avoir repris la situation en main, c'est Largo, toujours mondain qui marque tranquillement le point.
- L : Voyez-vous, le seul problème est que Gilles Saint Denis aimait tellement votre fille qu'il a refusé l'argent.
Décontenancé, Édouard fait tout pour n'en rien laisser paraître à son vainqueur, mais il ne peut se retenir de chercher Lucien des yeux. Or le regard de Lucien se détourne dès qu'il croise celui de son patron…
De son côté, Joy s'occupe de ses petites affaires. Elle sort tranquillement de la salle de réception et s'adosse au mur à côté de la porte, sûre d'elle. à juste titre puisque Ramsey arrive sur ses talons. Un instant il croit l'avoir perdue en ne l'apercevant pas dans l'escalier, mais son inquiétude fait place à une admiration profonde dès qu'il la repère… il se rapproche d'elle, visiblement très attiré par la jeune femme qui ne se prive pas de faire appel à ses charmes et adopte un ton enjôleur…
- Ra : Tu essaies de m'éviter ?
- J : Non. J'essayais de t'attirer ici. Parle-moi de tes conditions d'engagement. Il y a un appartement de fonction ?
- Ra : Oh oui… dans un immeuble très classe, avec une salle de musculation privée.
Derrière un angle, Simon guette…
- J : Ah oui… c'est pour ça que tu as l'air en forme…
Ramsey n'essaye même pas de résister. Il embrasse longuement Joy qui est loin de le repousser et Simon profite de cet instant propice pour s'approcher en douce derrière Ramsey et lui faire les poches avant de se retirer tout aussi vite et discrètement qu'il est venu. Il était temps. Ramsey est interrompu dans son élan par un appel dans son oreillette…
- Ra : Oui ?
- Voix off : Ramsey, Monsieur Carver vous attend à l'entrée du salon.
- Ra : Le devoir m'appelle. À bientôt j'espère.
Ramsey file tandis que Simon revient vers Joy avec un petit sourire triomphateur en agitant la carte de passe de Ramsey
- Si : Je savais que tu aurais besoin de moi !
Joy le félicite du regard et le duo passe à la phase suivante du plan, Joy guidant Simon pour descendre au Bunker tandis que celui-ci installe son oreillette pour entendre Kerensky
- J : C'est là.
Pendant ce temps, Madeline, au buffet, jette un œil vers Largo qui se libère immédiatement de ses deux interlocuteurs pour filer à sa rencontre.
- L : Excusez-moi.
Madeline l'entraîne vers la piste de danse où ils esquissent quelques pas pour les apparences tout en fonçant droit au but à voix basse.
- Ma : Qu'est-ce qui se passe ? Il faut que je sache !
- L : Je crois que ton père n'a pas essayé de piéger Gilles.
De leur côté ; Joy et Simon arrivent à la porte du Bunker de la Colomco tandis que depuis le 3e sous-sol du Groupe W, Kerensky surveille l'intérieur grâce à la micro-caméra qui n'a pas été repérée.
- Si : On est à l'entrée du Bunker.
- K : Insérez la carte d'accès. Vous ne risquez rien, la pièce est vide.
Sans perdre un instant, le duo entre et fonce droit au PC de Lucien.
- K : Pas de caméra dans l'entrée. Je ne pourrai pas vous prévenir si quelqu'un arrive.
- Si : Merci, mon vieux !
- J : Le câble, vite !
Simon sort un câble de sa poche et Joy fait le branchement… tandis que Kerensky les observe depuis son QG.
- Si : On est prêts à transférer les fichiers. Qu'est-ce qu'on doit faire ?
- K : Rien. il suffit de taper le code secret. Je te dicte, attention. 2-3…
Simon sert d'agent de liaison entre Kerensky et Joy qui n'a pas d'oreillette.
- Si : 2-3…
- K : 3-2…
- Si : 3-2…
- K : 8-9
- Si : 8-9
- K : 0-1
- Si : 0-1
- K : Toutes les alarmes sont neutralisées, parfait. Tu parles d'un système inviolable. Laissez-moi rire. Voilà encore une preuve de la stupidité capitaliste.
Malheureusement, un agent surgit, l'arme au poing, suivi d'un second…
- A1 : On ne bouge plus !
En pros, Simon et Joy se tiennent tranquilles. Pendant que le deuxième agent palpe Joy, le premier attrape l'oreillette de Simon et la porte à son oreille. Kerensky qui a tout suivi sur son écran ne guettait que cet instant, le doigt sur le bouton. Il envoie un Larsen fulgurant et le pauvre type se tord de douleur.
- A1 : Ouh
Simon et Joy profitent de la diversion pour mettre la pâtée à leurs adversaires respectifs. Ils reprennent la situation en main et tiennent les deux agents en respect quand Ramsey arrive à son tour, arme au poing. Devant l'équilibre des forces, le dialogue s'installe, chacun tenant les autres sous la menace de son flingue.
- Ra : Baissez vos armes, tout de suite ! Beau travail Joy ! Tu as réussi à voler ma carte. Tu as bien joué ton rôle !
- J : J'étais en mission. Tu sais ce que c'est…
Ramsey ne cache pas son admiration pour Joy qui savoure sa victoire morale sur son ex et profite de sa domination pour le gagner à la bonne cause.
- J : Nous savons que Saint Denis a été piégé. Largo a des preuves. Tu travailles pour des meurtriers. Tu veux les accompagner en prison ?
- A1 : C'est faux, tire !
- J : Et ce ne sont pas des histoires, Ramsey.
D'abord hésitant, Ramsey finit par faire le bon choix.
Dans la salle de réception, Monique et Largo, côte à côte, regardent les bras croisés Édouard demander des comptes à Lucien. Ils sont trop loin pour entendre, mais le spectacle ne souffre aucune ambiguïté et Largo a un petit rictus de satisfaction. Monique quant à elle estime avoir fait sa part et avoir maintenant gagné le droit de s'amuser un peu….
- Mo : Ce cher Lucien a l'air de passer un mauvais quart d'heure…
- L : Oui. Et ça ne fait que commencer.
- Mo : Je crois que je vais prendre un verre.
Monique file alors que Joy et Simon, de retour du Bunker viennent rendre compte à Largo.
- Si : On a copié les fichiers et on a fait passer l'envie de rire à deux gros bras.
- J : Ramsey les surveille pour nous.
- Si : Je crois que le moment est venu d'agrafer ce Colombier, là
- L : Édouard ignorait tout. Il croyait que Lucien avait payé Gilles comme il le lui avait ordonné.
- J : Et bien sûr, Lucien lui a caché qu'il n'avait pas réussi à séparer les amoureux…
- L : Il était prêt à tout pour gravir les échelons.
Édouard en a enfin terminé avec Lucien. Il le plante là. Après un coup d'œil pas spécialement amical à Largo qui a causé sa chute, Lucien se dirige vers la sortie aussi dignement que possible. Largo froid et déterminé le regarde s'éclipser…
- L : Je vais terminer le travail.
Largo ébauche un pas, mais Joy se plante devant lui et l'arrête du bras
- J : Attends ! Je vais avec toi !
Simon, qui se réjouissait d'avance devant la froide détermination de Largo, ne veut pas que Joy le prive de ce plaisir…
- Si : Mais arrête, laisse le faire !
Largo profite du fait que Simon a détourné l'attention de Joy quelques secondes pour la contourner… et lui tapoter ironiquement les fesses avant de filer…
- L : J'en ai pour deux minutes.
Joy sidérée par l'audace de son patron se retourne brutalement, mais Simon, encore plus rapide, l'attrape au vol et lui fait finir son tour en l'embarquant dans une danse folle.
- Si : Eh eh eh !!!
Dans le hall, Lucien fonce dans l'escalier sans perdre un instant. Largo le suit posément. Il s'arrête sur le seuil, en bas et l'interpelle avec assurance
- L : Je peux savoir où vous allez ?
Lucien essaye de le menacer, sans succès…
- Lu : Je vous conseille de retourner dans la salle de bal, Monsieur Winch.
- L : Je vous conseille de prendre votre voiture, d'aller au commissariat le plus proche et de vous rendre. Je suis en train de faire analyser votre ADN dans un laboratoire de New York.
- Lu : La police vous rira au nez.
Largo enfonce le clou… il monte tranquillement les marches…
- L : Nous avons copié tous les fichiers de votre ordinateur personnel. Toutes vos magouilles y sont. L'avocat de Gilles que vous avez soudoyé. Les témoins que vous avez payés. Vous croyez que Monsieur Colombier va continuer à vous protéger ?
… pour finir sous le nez de Lucien qui croit malin de le provoquer…
- Lu : Ils auraient dû vous tuer quand ils ont tué votre père !
Immédiatement, Largo voit rouge. Son sourire s'efface remplacé par une rage intense et glacée, tandis que son poing part droit au visage de son adversaire… qui vole jusqu'au palier supérieur sous la force du coup. Largo vole aussi dans l'escalier pour aller le saisir au collet avant qu'il ne se relève. Le poing levé, prêt à frapper Largo fulmine.
- L : Parlez-moi de la mort de mon père !
Au lieu de répondre Lucien sort un couteau à cran d'arrêt. Largo évite la lame et les deux hommes se rouent de coups dans l'escalier. Un serveur qui s'apprêtait à rejoindre la salle de réception avec un pain surprise sur son plateau s'empresse de regagner les cuisines, terrifié. Largo pare l'essentiel des coups de Lucien. Il réussit à le repousser sur le palier et à lui coller un bon crochet au foie suivi d'un franc coup de boule. Mais Lucien est coriace. Acculé au mur, il parvient à repousser Largo au bord de l'escalier, mais celui-ci l'arrête d'une manchette avant de le balancer dans l'escalier en combinant une bonne poussée des bras et un croc-en-jambe de premier choix. Lucien dévale tout l'étage avant de s'immobiliser, la tête contre un pilier, en bas.
Du haut, Largo le regarde froidement.
- L : Alors, toujours en vie ?
La question est glaciale, c'est presque un regret par anticipation. Largo descend l'escalier les yeux rivés sur le corps de son adversaire, avec une envie farouche de terminer le travail si ce n'est pas déjà fait… mais la foule attirée par le bruit a envahi le hall, Édouard et Madeline au premier rang. Édouard reprend la direction des opérations en parfait maître des lieux devant l'hostilité muette de sa fille.
- Éd : Sécurité ! Surveillez-le ! Appelez la police.
Deux agents aident Lucien à se relever et l'entraînent sans ménagement vers la sortie sous le regard noir de Largo.
Enfin, Largo se tourne vers Édouard. Il se calme doucement mais il reste déterminé
- L : Appelez vos amis de la police et faites sortir Gilles de prison, le plus vite possible !
Édouard essaye maladroitement de se rapprocher de sa fille, il lui frôle le bras, mais elle s'écarte avec un frisson de dégoût et il arrête son geste, penaud.
- Éd : Madeline…
- Ma : Tout est de ta faute !
- Éd : Oui, je sais.
- Ma : Tu as failli briser toute ma vie.
Comprenant qu'il n'a rien à attendre de sa fille après tout ce qu'elle a enduré par sa faute, Édouard part.
Après un regard peu amène sur son père qui s'éloigne devant la foule silencieuse, Madeline se radoucit et va poser un baiser sur la joue de Largo et le serrer dans ses bras alors que Largo la regarde profondément pour s'assurer que tout va bien.
- Ma : Merci… merci !
Pendant le regroupement de la foule dans le hall, Ramsey a rejoint Joy et Simon. Avec un naturel époustouflant, Simon sort le passe de sa poche et le tend à Ramsey en toute innocence…
- Si : Ah Ramsey, je crois que c'est à vous. Vous avez dû la laisser tomber… on l'a retrouvée…
Ramsey a un sourire beau joueur…
- Ra : Merci.
Puis Simon entraîne Joy qui ne se fait pas trop prier vers la salle de réception…
- Si : Allez , viens danser !
Monique s'approche à son tour de Largo, avec un petit sourire facétieux. Une fois de plus elle ne peut s'empêcher de lui tripoter le col et la poitrine, ce qui a l'heur de rendre le sourire à Largo qui se décontracte enfin.
- Mo : Largo… tu es insortable !
Elle lui pose la main sur l'épaule et l'entraîne vers la sortie.
Dans les couloirs de la prison, Joy, Monique et Madeline arrivent devant la grille au moment où le gardien raccompagne Gilles à la sortie. Les amoureux se jettent dans les bras l'un de l'autre sous l'œil attendri de Largo et Monique.
- Ma : Mon amour !!! Mon bébé !!!
- Épilogue : Dans le jet qui les ramène à New York, Madeline dort, un masque sur les yeux. Simon, lui s'est endormi sur une BD… de Largo Winch. Seul éveillé, Largo tire d'une enveloppe au logo du Groupe W une coupure de presse ancienne. On peut lire « WINCZLAV WINS CABO 500 – Late sprint decisive » et la photo d'un motard casqué en plein virage occupe une bonne partie du papier.
Largo la regarde longuement, plongé dans ses pensées.
FIN