Insurrection (TV) - Transcript

Ce transcript est inspiré du site lebunker.org, qui n'existe plus désormais


NEW YORK A LA TOMBEE DU JOUR, GROUPE W

Largo jaillit d'un bureau en rajustant sa veste, poursuivi dans le couloir par Cardignac. Les deux hommes sont encore en pleine discussion orageuse.

L : Michel, je suis en retard et vous me faites perdre mon temps, compris ?
Ca : Pourquoi ?

Largo, passablement énervé, s'arrête net et se retourne pour affronter Cardignac au beau milieu du couloir.

L : Bien, parce qu'à chaque fois que j'émets la moindre opinion, vous la désapprouvez. Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi vous faites ça ?
Ca : Mais parce qu'au lieu de nous faire gagner de l'argent, vos opinions nous en font perdre !
L : Ce sont des stupidités, vous le savez bien !

Largo estime que le sujet est clos, il tourne le dos, déjà parti, mais Cardignac poursuit avec assurance, bien campé dans ses convictions.

Ca : Pas dans ce cas précis, parce que le contrat que je vous propose…

Largo revient vers Michel tandis que les employés pressés se gardent bien de leur prêter attention.

L : Non, non. Débourser des millions de dollars pour s'associer à un gouvernement qui bafoue systématiquement les droits de l'homme, c'est exactement le genre de marché que le Groupe W doit refuser de faire.
Ca : Mais en plus d'importantes retombées purement financières, ce projet de construction au Mendawi va nous permettre d'investir des millions de dollars dans l'économie locale. Ce sont des millions de dollars qui vont…

Le regard dans le vide, Largo fait des efforts louables pour se maîtriser face à l'amoralité de Cardignac, mais trop, c'est trop : il finit par lui couper la parole.

L : … qui vont se retrouver dans les poches du président Surya et de ses copains pourris. C'est ce que vous voulez ?

Cardignac ne fléchit pas sous le regard excédé de Largo.

Ca : Si on se retire maintenant, on devra payer environ une centaine de millions de dollars.
L : Si on continue, on va les aider à mettre en place l'un des plus corrompus, des plus mauvais gouvernements de toute l'Asie du Sud-Est. Je ne veux pas participer à ça.

Il tourne de nouveau le dos, mais Cardignac insiste encore avec un sourire méprisant.

Ca : Annuler ce projet maintenant, Largo, c'est à la fois de l'irresponsabilité et de la naïveté !

Largo est déjà devant l'ascenseur, au bout du couloir. Index levés, il prépare sa riposte finale et fait demi-tour pour l'assener en regardant son adversaire bien en face.

L : La naïveté, Michel, c'est d'imaginer qu'on peut dormir avec des chiens sans attraper leurs puces. Maintenant veuillez m'excuser, je vais au cinéma.

Et il se retourne pour appeler l'ascenseur… qui s'ouvre précisément sur Joy. Largo la rejoint dans la cabine sans plus accorder d'attention à Cardignac qui part nerveusement digérer l'affront.

Largo a immédiatement retrouvé le sourire, mais Joy ne semble pas d'humeur joyeuse.

L : Ah te voilà, tu es prête ?
J : Désolée, Largo, pas de cinéma ce soir.

Elle sélectionne l'étage avant d'affronter le regard déçu du jeune homme.

L : Pourquoi ?
J : On a un énorme problème.

L'ascenseur se referme alors que Largo commence à penser que ce n'est décidément pas son jour.

Penthouse.

Largo est installé à son bureau, les yeux rivés sur l'ordinateur. Joy est debout derrière lui. Ils regardent Simon qui, lui, se trouve dans l'allée centrale du Jet, parfaitement mal à l'aise face à la caméra.

Si : Salut Largo. Il y a quelqu'un ici qui aimerait discuter avec toi.

L'extrémité d'un fusil apparaît à l'écran et un homme en treillis repousse Simon vers le fond de la cabine où ont déjà assis Marissa et le pilote alors qu'un autre homme en treillis prend sa place devant la caméra. Largo déglutit péniblement.

AP : Vos amis sont désormais mes otages et si je n'ai pas exactement ce que je veux, ils seront exécutés dans trois heures.

Gros plan sur Joy consternée, puis sur Largo horrifié.

GÉNÉRIQUE

New York à la tombée de la nuit. Groupe W. Penthouse.

Sous le choc, Largo interroge mécaniquement son interlocuteur tandis que Sullivan entre dans l'appartement.

L : Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?
AP : Je suis Ahmet Pangkor, leader du Front Révolutionnaire du Peuple de Mendawi. Le gouvernement du Président Surya retient dix-sept de nos Combattants de la Liberté comme prisonniers politiques. S'ils ne sont pas relâchés dans trois heures, j'exécuterai vos amis un par un.

Sullivan rejoint Joy derrière Largo, il est visiblement déjà au courant de la situation, mais face à la réalité affichée sur l'écran, il échange un regard sinistré avec Joy. Largo, lui, est totalement obnubilé par ce qu'il voit. Il cherche désespérément à comprendre.

L : Pourquoi ? Je ne vous ai fait aucun tort ! Mes employés sont au Mendawi pour effectuer une mission.
AP : Je suis vraiment désolé pour eux, Monsieur Winch. Le gouvernement de Mendawi emprisonne et assassine tous ceux qui s'opposent et dénoncent ses brutalités. Il n'a aucun scrupule à torturer et à massacrer des femmes et des enfants innocents.

Largo sort enfin un peu de son état d'hypnose, il redevient pratique.

L : Comment puis-je vous aider ?
AP : Le gigantesque projet de construction que le Groupe W propose au Président Surya fait de vous un homme très important, Monsieur Winch…
L : Mais je n'ai pas l'intention…

Largo tente de détromper Pangkor, mais l'autre ne l'écoute pas.

AP : … alors je suggère que vous utilisiez ce pouvoir pour convaincre Surya de relâcher les dix-sept prisonniers politiques ou alors j'exécuterai vos amis.

Pangkor a à peine fini de délivrer son message qu'il coupe la communication, laissant Largo, Joy et Sullivan sans réaction devant l'écran noir. C'est la sonnerie du téléphone qui tire Largo de sa stupeur.

L : J'écoute.

Au Bunker, Kerensky est déjà en plein travail. Il dresse son premier rapport alors qu'au penthouse ses trois auditeurs écoutent avec une concentration exceptionnelle.

K : J'ai un peu planché sur la situation du pays et j'ai vérifié quelques détails et j'en ai conclu que l'histoire d'Ahmet Pangkor se tient. Sa tête a été mise à prix par le gouvernement du Mendawi. Et il est recherché depuis quelques années. Il faisait partie du gouvernement avant l'arrivée de Surya au pouvoir. Il a été son opposant dans une élection truquée et bien sûr il a perdu. Je ferai une mise à jour dès que j'aurai plus de faits à étudier.

Largo assimile les infos et prend les premières décisions alors que le petit agenda électronique posé sur son bureau affiche 09:05:50. Il s'est enfin arraché à son fauteuil et va et vient en donnant ses directives.

L : Merci Georgi. Bon, il est 09h05, nous avons jusqu'à minuit. John, il faut faire appel à tous nos appuis politiques. Avant de parler au Président Surya, je veux que vous téléphoniez à tous vos contacts au sein du Département d'État pour qu'ils obligent le gouvernement du Mendawi à débloquer la situation. Joy, je dois connaître la position exacte de l'avion, comment y accéder par mer, air et terre. Si nous devons entrer en action rapidement, je veux être absolument prêt à le faire.
J : Très bien.

Joy, déjà partie, s'arrête pour écouter les dernières instructions de Largo.

L : Cherche aussi à savoir pourquoi il manque un pilote. Je n'ai vu que Jerry Morawski à bord. Où est le copilote ?

De son côté, Sullivan tente prosaïquement de faire entendre la voix de la raison.

Su : Largo, pourquoi vous ne faites pas ce que Pangkor vous a dit ?

Largo s'énerve.

L : Je n'ai pas l'intention d'utiliser le contrat de construction pour les faire libérer.
Su : Compte tenu du temps qui vous reste, avez-vous encore réellement le choix ? Je sais que vous détestez ce type mais dépassez votre haine et essayons de sauver des vies.
L : Le Président Surya est le plus totalitaire des despotes, pourquoi voudrait-il m'écouter, hein ?

Sullivan a un petit rire amer.

Su : Hm… Parce que vous agitez devant lui une carotte de quelques millions de dollars.

Largo hoche la tête, affecté par l'évidence.

L : Alors je dois traiter avec le diable pour sauver mes amis ?
Su : Bienvenue dans le monde réel.

Largo cherche un appui dans le regard de Joy… qui s'abstient de tout commentaire.

Salle du conseil.

La table monumentale est déserte, tous les fauteuils sont bien rangés… à l'exception de celui de Largo, tourné sur le côté, tel qu'abandonné par son remuant propriétaire. Dans un coin de la salle, Cardignac, Del Ferril et Buzetti tournent en rond en pestant contre leur insupportable patron.

Ca : L'opposition de Winch à conclure ce marché est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Nous ne pouvons pas accepter que des sursauts d'idéalisme et des émotions entravent la bonne marche de nos affaires. Il doit enfin comprendre que nous avons une responsabilité envers nos actionnaires, celle de faire des bénéfices.
ADF : C'est toujours la même vieille chanson, Michel, et à chaque fois que vous avez un conflit d'intérêt avec Largo vous nous la ressortez et lui ne vous écoute pas.

Cardignac a le regard qui brille, son mauvais génie prépare encore un sale coup…

Ca : On n'a qu'à l'obliger à écouter.
Bu : Et comment ?
Ca : Nous avons tous un certain pouvoir. On est actionnaires, n'est ce pas ?
ADF : Mais on est actionnaires minoritaires.

Del Ferril et Buzetti restent dubitatifs, il va en falloir davantage pour les convaincre de se mouiller dans une nouvelle bataille navale contre le chef de la flotte, car il n'ont pas la moindre envie de boire le bouillon. Mais Cardignac semble sûr de lui, il jubile face aux mines timorées de ses comparses.

Ca : Et puis alors ? Nous avons des droits.
ADF : Si nous nous mettons contre Largo sur ce coup-là, je suis sûre qu'il va restructurer le comité directeur très vite. Vous voulez perdre votre job ?
Bu : Elle n'a pas tort. N'importe quel directeur général nous aurait jetés dehors depuis longtemps.

Cette fois, Michel ricane carrément.

Ca : Il n'a aucun courage !
ADF : Vous êtes dans l'erreur, Michel.
Ca : Tous les actionnaires seraient révoltés s'il essayait de me faire partir.
Bu : Vous êtes sûr de ça ?
Ca : Oui et Largo Winch est allé beaucoup trop loin, cette fois. Je pense que le moment est finalement arrivé que tout le monde se… se décide à changer de direction.
ADF : Michel…

Alicia est presque peinée devant l'aveuglement suffisant de Cardignac, mais celui-ci poursuit, toujours plus heureux… alors que Del Ferril et Buzetti échangent des regards incrédules et désabusés.

Ca : Je crois qu'il est temps que notre ami Largo quitte ses fonctions de Directeur du Groupe W, qu'il le veuille ou non.

Plan ascenseur du haut en bas de la tour Winch. Bunker.

Joy entre et rejoint Georgi qui pianote sur son clavier. Sur l'écran mural figure la fiche d'informations concernant Ahmet Pangkor.

J : Tu as des nouvelles infos ?
K : De nombreuses arrestations, jugé comme activiste. Et puis il y a deux ans, il était à la tête d'une grève générale contre le gouvernement. Quand son arrestation a été ordonnée, il a fallu qu'il file dans la jungle et c'est là qu'il dirige ses Combattants de la Liberté. Voilà tout ce que je sais.

L'exposé ne détend pas l'atmosphère. Joy étudie Georgi qui ne lève pas les yeux de son ordinateur.

J : C'est super, mais qu'est ce que ça nous donne ? Tu te fais du souci pour Marissa.
K : Je me fais beaucoup de souci pour nos trois amis.
J : On va les ramener sains et saufs.

Joy file avant que sa propre anxiété refoulée ne vienne briser les dernières protections si fragiles derrière lesquelles Kerensky tente de s'abriter.


Mendawi. Vue aérienne d'une vaste forêt tropicale en plein jour.

Le jet est immobilisé sur une piste rudimentaire où l'herbe envahit inexorablement le maigre tracé de terre.

À bord de l'avion, une horloge électronique affiche 9:39, 10/21 Tues [mardi 21 octobre], 35.5C°.

Gros plan sur le pilote ruisselant d'angoisse. Simon et Marissa sont assis à côté de lui, au fond de l'appareil. Ils ont les mains liées devant eux et sont sous la garde de deux hommes qui maintiennent constamment leur fusil braqué sur eux. Les écrans des panneaux avant de l'appareil affichent froidement « Inconnect/Disconnect » dans l'attente d'une nouvelle communication décisive pour le sort des otages… Simon tente de briser le silence pesant qui devient insoutenable.

Si : Alors ? C'est la première fois que vous prenez des otages ?

L'un des gardes fixe Simon d'un air ébahi, alors que Pangkor qui fait les cent pas dans l'allée se retourne nerveusement.

AP : Vous la fermez !

Simon essaie de fanfaronner, tout en frottant discrètement ses liens contre la boucle de son ceinturon.

Si : Oh mais… je voulais juste vous donner quelques conseils acquis par expérience. Par exemple, si…

C'en est trop pour les nerfs de Pangkor qui revient vers lui, arme au poing.

AP : Vous voulez être le premier à mourir, hein ?

Simon le regarde avec son habituelle franchise déroutante.

Si : Non.

Ce qui a l'heur de désamorcer la rage du jeune chef des Combattants de la Liberté.

AP : Alors je suggère que vous gardiez le silence !

Marissa regarde Simon avec inquiétude, le suppliant muettement de s'en tenir là… mais après un bref regard à la pauvre secrétaire, Simon poursuit sur sa lancée.

Si : Vous permettez ? Une question, juste une…

Pangkor qui le menace toujours de son arme, finit par la baisser, désarçonné par le naturel exubérant de cet otage hors norme, au grand soulagement de Simon qui poursuit.

Si : Si vous voulez des otages, pourquoi nous ? Non, c'est vrai, qui peut s'intéresser à des personnes comme nous à l'autre bout du monde ?

Atterré, Jerry regarde Simon puis la réaction de Pangkor en implorant mentalement son ange gardien de le tirer de ce cauchemar.

AP : Votre ami Largo Winch s'y intéresse. Et le Président Surya veut faire aboutir le projet.

Pangkor rengaine son arme dans la ceinture de son treillis, comme rassuré par ses propres paroles.

Si : Alors on sert de monnaie d'échange.
AP : C'est exact, oui.
Si : Ah ben voilà ! C'est un bon plan ! Ah il n'y a pas de lézard !

Marissa qui était restée figée pendant toute la conversation, oscille maintenant entre effarement et consternation devant l'inconscience de Simon.

AP : Seulement si notre gouvernement nous donne ce qu'on demande.

Pangkor estime avoir donné assez d'explications, il s'éloigne vers l'autre extrémité de la cabine tandis que les deux gardes, le regard fixe et inexpressif, tiennent toujours les otages sous la menace de leurs armes.

Simon cherche à rassurer ses camarades terrifiés : Jerry, trempé de sueur, est tétanisé par la peur.

Si : Ca va bien se passer. Ils ont besoin de nous pour obtenir ce qu'ils veulent.

Mais son optimisme ne suffit pas à convaincre Marissa, parfaitement réaliste…

Ma : Ils n'ont aucun besoin de trois otages.

Échanges de regards lourds entre les trois prisonniers.


Groupe W, Salle du Conseil.

Cardignac, Del Ferril et Buzetti se sont installés dans les fauteuils du coin repos de la salle. Le trio infernal complote toujours.

ADF : Ce que nous voulons faire est vraiment dangereux, Michel, et ça peut nous exploser au visage.
Ca : Tout le monde est monté contre ce cher Largo Winch à propos du projet de construction au Mendawi. Nous n'avons qu'à profiter de la situa…

Cardignac s'interrompt en entendant frapper à la porte.

Ca : Oui ?

Gabriella entre et s'adresse à Michel.

Ga : Monsieur Cardignac, Monsieur Sullivan vous a téléphoné, il vous demande de les rejoindre dans l'appartement immédiatement.

Cardignac se lève pour suivre la secrétaire, non sans jeter un regard entendu à ses deux acolytes : la discussion n'est pas close.

Ca : Ne bougez pas !

Penthouse.

Cardignac est mis au courant de la situation…

Ca : En otages vous dites ?

Largo, tête baissée, le front appuyé sur ses mains croisées, est au bord de l'abattement.

L : Hmmm… et ils menacent de les tuer tous les trois si le Président Surya ne relâche pas les prisonniers politiques qu'il détient.

Cardignac croise les bras.

Ca : Mais mon Dieu, c'est terrible !

Il sue la fausse compassion et l'hypocrisie, ce qui lui vaut d'être fusillé du regard par Largo, tiré de sa prostration par tant d'insensibilité. Mais Sullivan entre rapidement dans le vif du sujet, l'heure n'étant pas propice à un nouvel affrontement…

Su : Michel, vous avez traité avec le Président Surya pour le projet du Mendawi, nous devons savoir comment il est.

Cardignac décrit avec une espèce de jubilation intérieure ce qui semble pour lui une sorte d'idéal, un double de lui-même…

Ca : Et bien, il est obstiné, il est retors, inflexible… il est très dur en affaires mais il est réaliste. Mais il vous fera des concessions s'il trouve que ça représente de l'intérêt.

Le regard vague, Largo se renverse sur son siège.

L : Bah, c'est bon à savoir ! Je pense que votre idée est bonne, John.

La curiosité de Cardignac est chatouillée…

Ca : Euh ! Quelle est cette idée ?

Sullivan s'explique, un peu gêné aux entournures…

Su : Si Surya relâche les prisonniers, Largo acceptera de… d'honorer le contrat de construction.

Largo endure. Il sait que Sullivan a raison mais la décision est visiblement douloureuse pour lui. De son côté, Cardignac encaisse lui aussi ce revirement, mais pour de tout autres raisons certainement moins avouables. Il a beaucoup de mal à masquer sa déception.

Ca : Mais enfin, je croyais que vous…

Mais Largo a pris sa décision, il assume son virage sans se soucier des états d'âmes de Cardignac.

L : J'ai changé d'avis, je suis revenu sur ma décision parce que des vies sont en danger.

Considérant le sujet clos, il enchaîne en se tournant vers Sullivan.

L : Que vous a-t-on dit au Département d'État ?
Su : Et bien, ils n'y peuvent hélas pas grand-chose puisqu'il s'agit d'une affaire intérieure. Washington a fortement critiqué le régime de Surya mais ça n'a eu aucun effet, ni aucune influence.

Sullivan est désolé et Largo déçu se passe avec lassitude la main sur la figure.

L : Continuez à parler avec vos copains de Washington, John, nous aurons besoin de leur aide.

Salle du Conseil.

Buzetti marche de long en large en sirotant un café, Alicia est toujours assise dans un fauteuil. La porte s'ouvre sur un Cardignac vert de rage.

Ca : Ah ! Il va honorer le contrat !

Buzetti a l'air fort déçu et Del Ferril se cache le visage derrière les mains, accablée par un tel acharnement du mauvais sort.

Dernier étage du groupe W.

Gabriella débouche dans le couloir, des dossiers à la main, au moment où Sullivan sort de l'appartement de Largo.

Su : Ah, Gabriella, euh, nous avons une situation très critique, veuillez annuler tous mes rendez-vous de la soirée, s'il vous plaît.
Ga : Ah ok, même le rendez-vous avec le maire ?

Sullivan grimace et a un instant d'hésitation.

Su : Remettez à plus tard et envoyez lui mes excuses, d'accord ?

Il est prêt à poursuivre son chemin mais Gabriella n'a pas fini.

Ga : N'oubliez pas que Monsieur Toler est dans votre bureau, il vous attend depuis deux heures.

John est surpris.

Su : Toler ?
Ga : Oui, c'est ce qu'il a dit, il vient de la compagnie BL Financement, je pense que c'est pour l'affaire du rachat.

Sullivan fouille sa mémoire en vain.

Su : Toler ? Je n'ai jamais traité avec lui. Je vais le remettre à un autre jour.

Il est déjà reparti.

Ga : Très bien.


Bureau de Sullivan.

Un homme à l'air à la fois bizarre (sorte de cousin éloigné de Mr Bean) et satisfait, attend, assis dans un fauteuil, une grosse serviette de cuir sur les genoux.

Sullivan entre vivement, bien décidé à éconduire rapidement l'importun, en homme d'affaires pressé et sûr de lui.

Su : Ah Monsieur Toler ! Désolé de vous avoir fait attendre !

Toler se lève pour serrer la main de Sullivan sans lâcher son encombrant cartable, qu'il garde bien serré contre son giron. Il s'incline de façon obséquieuse.

T : Eh bien je commençais à croire que vous m'aviez oublié.

Il semble encore plus étrange vu de face avec ses lunettes à grosses montures démodées, ses cheveux gras mouillés, son regard fixe et son sourire figé.

Su : Toutes mes excuses mais je ne peux pas vous recevoir aujourd'hui, je dois m'en aller résoudre un problème alors reprenez rendez-vous avec ma secrétaire.

Sullivan est vraiment persuadé qu'il va réussir à ce débarrasser facilement de cet intrus, mais à sa grande surprise, l'homme s'accroche sans se départir de son étrange sourire inquiétant.

T : Je ne peux absolument revenir à un autre moment. J'ai été patient et j'attends depuis très longtemps cet instant. Il faut que cette affaire soit résolue MAINTENANT.
Su : Je pense qu'il doit y avoir une erreur, tous les points importants de ce marché ont déjà été vus et nous étions parvenus à un accord…

Les deux hommes sont toujours devant la porte restée ouverte. Sullivan est un peu décontenancé d'avoir quelque peine à éconduire le gêneur, mais il n'est qu'au début de ses surprises : Toler prend d'un seul coup la direction de la discussion, tout en refermant la porte avec une détermination sinistre.

T : Écoutez, je ne suis pas de chez BL Financement. Je vous ai dit ça parce que je tenais à vous parler en tête à tête.

Décidément les choses ne se passent pas vraiment comme John le prévoyait. Il pressent de nouveaux ennuis.

Su : Et de quoi désirez-vous tant me parler ?
T : Tout d'abord de responsabilité…

Toler se retourne alors vers Sullivan et lui fait face, braquant un pistolet sur lui.

T : … et aussi de punition.

La main qui tient l'arme est agitée de tremblements. Sullivan regarde Toler dans les yeux. Sale soirée, décidément.

Penthouse.

Gros plan sur l'agenda électronique qui indique 10.10.02. Une sonnerie retentit. Largo, toujours à son bureau, prend la communication qu'il semblait attendre. Le visage d'un homme apparaît à l'écran. Costume blanc, cravate, l'individu semble gonflé d'orgueil, imbu de lui-même…

L : Monsieur le Président, merci d'avoir accepté le dialogue.
Surya : Nous avons un très grave problème, Monsieur Winch. Ahmet Pangkor est un terroriste qui ne rêve que de détruire mon gouvernement.

Largo s'efforce au calme. Il s'exprime d'un ton excessivement posé, pesant chaque mot pour ne pas agresser son interlocuteur.

L : Mais les personnes prises en otage sont plus que de simples employés, Monsieur le Président. Ces sont d'abord mes amis. Quelles sont vos intentions à propos de ces prisonniers politiques ?
Surya : C'est l'une des politiques de mon gouvernement de ne pas négocier avec les terroristes quelles que soient les circonstances.

Largo se maîtrise.

L : Avec tout mon respect, Monsieur le Président, le Groupe W est prêt à investir des millions de dollars dans votre pays mais nous devons avoir l'assurance que nos amis partiront bien de chez vous pour pouvoir continuer.
Surya : Est-ce que ce sont des menaces, Monsieur Winch ?

L'énervement point…

L : Je veux simplement vous faire entendre que…
Surya : Attendez, ces dix-sept prisonniers sont des traîtres envers notre pays…

… mais Largo se contient encore… quoique de plus en plus difficilement…

L : La politique intérieure du Mendawi n'a rien à voir avec le Groupe W, ni avec mes amis !
Surya : La relaxe des dix-sept prisonniers n'est pas une de nos options.

Largo crie presque.

L : Mais il n'y a aucune autre option !

Ce qui laisse Surya parfaitement indifférent.

Surya : Si, j'ai une autre idée.

Largo hors de lui se réfugie à présent dans le ton glacé pour ne pas exploser.

L : Si vous suggérez de les libérer par la force, c'est pour mes amis la mort quasi certaine !

Surya montre son vrai visage, il siffle.

Surya : Ahmet Pangkor est un vrai monstre qui doit disparaître quelles qu'en soient les conséquences.

Largo tente désespérément de retrouver son calme pour que la conversation puisse continuer.

L : Monsieur le Président, je suis désolé mais je ne suis pas d'accord.

Mais Surya adopte un ton paternaliste pour clore la discussion

Surya : Nous ferons tout le nécessaire pour assurer la sécurité de tous vos amis mais je ne peux rien vous garantir. Au revoir Monsieur Winch !

Largo proteste.

L : Non ! Attendez !

En vain : Surya a coupé la transmission. Largo se retrouve seul face à l'écran noir de son échec.

New York de nuit, plan sur la rivière puis sur l'Empire State Building illuminé. Building du Groupe W. Bureau de Sullivan.

John fait face en se demandant à quel fou il a affaire.

Su : Si vous ne venez pas de BL Financement, qui êtes-vous ?

Toler tourne autour de Sullivan, l'arme constamment pointée vers la tête de John, il ricane nerveusement et tremble d'excitation.

T : Vous n'en avez vraiment aucune idée n'est-ce pas ?
Su : Non aucune.
T : Oh bien sûr que non !

L'éclairage de son visage en ombres et lumières rend son aspect encore plus inquiétant.

T : Vous n'auriez jamais laissé une telle chose se passer parce que vous auriez été obligé de vous sentir concerné.
Su : Ah oui ? Par quoi ?

Sullivan est totalement perdu, ce qui pousse Toler encore plus loin dans sa folie.

T : Par les ramifications de toutes vos actions douteuses, les effets secondaires, les insectes que vous… que vous écrabouillez sans même vous en rendre compte… sans y réfléchir !
Su : Des insectes ?… Franchement je suis désolé mais je ne vois pas du tout de quoi vous parlez.
T : Vous êtes sûr ?
Su : Hmmm !

Sullivan a l'air navré, il fait des efforts mais visiblement il ne comprend pas un traître mot de ce que raconte son visiteur qui cette fois hurle carrément.

T : Vous en êtes sûr ?!

De plus en plus nerveux, Toler agite d'une main toujours plus tremblante son arme sous le nez de Sullivan qui est de moins en moins rassuré. John n'a qu'une certitude, il doit arriver à calmer ce malade, et pour ça, il doit le pousser à parler.

Su : Oui j'en suis certain. Et je vous en prie, posez ce pistolet et expliquez-moi ce que c'est.

L'effet obtenu n'est pas tout à fait celui escompté : Toler s'approche de lui et lui applique l'arme sur la gorge.

T : Vous êtes un homme mort, Sullivan.

Il arme son pistolet (clic !) lorsque, fort à propos, le téléphone se met à sonner. Sullivan, la voix étranglée par la peur, tente une fois de plus de le ramener à la raison.

Su : Si je ne réponds pas, quelqu'un va venir.

Le temps semble un instant suspendu alors que le téléphone continue à sonner. Toler finit par décrocher en appuyant sur la touche <Main libre> et d'un regard sans équivoque il conseille à Sullivan de ne pas commettre d'erreur… Sullivan s'exécute à grand peine.

Su : Oui ?
Ga : Monsieur Sullivan, avez-vous encore besoin de moi avant que je m'en aille ?

Gabriella a le ton enjoué d'une secrétaire qui s'apprête à rentrer enfin chez elle après une journée bien remplie [à plus de 21 heures, on la comprend !]. Elle ne se doute visiblement de rien. Toler esquisse un non de la tête et Sullivan la congédie douloureusement, une pointe de regret dans la voix.

Su : Non, vous pouvez y aller, me… merci Gabriella.

Sans lâcher Sullivan du regard, Toler appuie sur la touche <Private> du téléphone et la mention « Do not disturb » s'affiche sur l'écran.

T : Encore une petite interruption comme celle là et je vous descends.

Le pistolet toujours appuyé contre la gorge de Sullivan, Toler arbore à présent un véritable sourire de dément en pleine crise.

Cabine de l'ascenseur.

Largo, mâchoire crispée, épaule appuyée contre la paroi, rumine ses idées sombres en descendant au Bunker. Il remarque à peine l'arrêt de l'ascenseur en chemin. Il ne prête pas la moindre attention aux gens qui descendent, il ne regarde pas d'avantage Cardignac qui se glisse dans la cabine en évitant de le regarder, mais il ne peut retenir un soupir : décidément rien ne lui sera épargné ce soir. L'ascenseur repart avec pour seuls occupants le milliardaire éprouvé et l'arrogant Président de la Winchair. Après un silence de prise de température, Cardignac se lance, un petit sourire suffisant sur les lèvres.

Ca : Comment ça a été avec le Président Surya ?

Largo s'obstine à regarder le sol et lui répond d'une voix basse, très lasse.

L : Pas très bien.

Cardignac n'essaie pas vraiment de dissimuler sa satisfaction, il enchaîne sans la moindre gêne.

Ca : Et où en est notre projet ?

Devant cette impudence affichée, Largo perd son sang froid. Avec un regard noir, il bondit, empoigne Cardignac par le col de sa veste et le colle contre la porte de la cabine. Michel le regarde, toujours provocateur.

Ca : Quoi ?
L : Vous êtes complètement malade ! Ce sont mes amis qui ont été pris et qui vont peut-être mourir ! Leurs vies sont en danger et vous, vous ne pensez qu'à l'argent !

Sans grande conviction, Cardignac tente de se défendre, sans réellement se départir de son petit air satisfait.

Ca : Eh ! Je m'inquiète pour eux, moi aussi.

Une fois encore il sue l'hypocrisie malsaine et cette fois Sullivan n'est pas là pour arrêter Largo… mais à cet instant la porte de l'ascenseur s'ouvre.

L : Non ! Vous n'en avez rien à faire ! Le contrat est annulé, c'est terminé !

Largo éjecte sans douceur Cardignac de l'ascenseur avant de commettre l'irréparable. La porte se referme et la cabine reprend sa descente jusqu'au Bunker alors que Michel redresse sa cravate et s'éloigne, rassemblant sa dignité secouée, soulagé de finalement s'en tirer à si bon compte et pas mécontent du résultat obtenu.

Bunker.

Largo passe vivement la porte et descend les marches à la volée. Joy et Kerensky sont plongés en plein travail sur les ordinateurs. Largo rejoint Georgi et jette un œil sur son écran où s'affiche une carte que reproduit l'écran mural et sur laquelle on peut identifier « Palangkaraya ».

L : Dis moi que tu as de bonnes nouvelles !

Georgi répond à l'agitation de Largo par son calme pragmatique habituel.

K : Nous avons localisé le jet, il est sur un petit aérodrome dans la jungle, pas loin de la côte, à 250 km ou un peu moins de la capitale.
L : Bien !

Joy est beaucoup moins positive.

J : Nous n'arriverons jamais sur place à temps pour les sauver. Nous n'avons aucun mercenaire dans le secteur, nous devons en faire venir d'Australie.

Kerensky tire les conclusions qui s'imposent…

K : Le temps que tout soit organisé, qu'ils soient armés, qu'ils puissent décoller, il sera trop tard.

Mais Largo secoue la tête, refusant l'évidence.

L : Je ne veux pas entendre ça !

Joy tente de le ramener à la réalité…

J : Largo…

… mais c'en est trop pour Largo qui explose.

L : JE NE VEUX PAS ENTENDRE ÇA !

Joy baisse la tête, affectée par l'évidente souffrance de son ami et patron qui donne ses ordres avec l'énergie du désespoir, refusant d'admettre son impuissance.

L : Je veux qu'une équipe soit prête à Sydney dans 45 minutes, je veux de l'armement et un moyen de transport aérien !

Mais Joy insiste, elle ne veut plus voir Largo se faire encore plus de mal…

J : LARGO, ARRÊTE TOUT DE SUITE !

Largo la regarde, à la fois blessé et furieux alors qu'elle se radoucit.

J : C'est impossible !… Je suis désolée.

Il finit par encaisser cette réalité qu'il souhaite tant rejeter et immédiatement il tire les conséquences. Il fonce s'asseoir devant le troisième poste de travail, à côté de Georgi et en face de Joy .

L : Appelez Pangkor tout de suite.

Kerensky, le visage parfaitement hermétique, pianote sur son clavier. Aussitôt, une image de la cabine du jet apparaît sur tous les moniteurs et Largo se lance.

L : Ahmet Pangkor ? Il faut que nous discutions, ici Largo Winch !

Pangkor, qui était installé dans un fauteuil dos à la caméra pivote pour regarder l'écran.

AP : Qu'est ce que vous voulez ?
L : Je veux que vous libériez mes amis ! Et si vous le faites, si vous acceptez, je vous aiderai !
AP : Ah oui ? Et comment ?

Soudain intéressé, Pangkor se lève et s'approche pour discuter.

L : Je soutiendrai votre cause, je ferai en sorte que notre gouvernement fasse pression sur Surya.

Kerensky regarde Largo d'un air sévère. Il n'en croit pas ses oreilles, mais Largo poursuit sans lui prêter la moindre attention…

L : Je vous fournirai l'appui financier qui vous manque.

Pankgor hoche la tête. Il n'a pas l'air aussi satisfait que Largo aurait pu l'espérer. Il hésite un instant puis s'explique d'une voix incertaine.

AP : Je crois que vous n'avez pas compris, Monsieur Winch… Mon petit frère est l'un des prisonniers.

Largo absorbe ce nouveau choc, encore plus inquiet.

AP : Le Président Surya a décidé de le tuer dans 3 jours.

Joy échange un regard avec Kerensky : la situation pourrait difficilement être plus catastrophique.

AP : Votre argent ne le remplacera pas !

Largo lui, touche au désespoir, il hurle, écœuré.

L : Et vous le remplacerez si vous tuez mes amis !
AP : Si mon petit frère est libéré, vos amis seront libres à leur tour. Vous avez ma parole.

Mais Largo sait que c'est impossible, il enrage.

L : Non ! Vous ne comprenez rien !

C'est au tour de Pangkor de perdre son calme, sous le regard découragé de Joy.

AP : NON ! Non, c'est VOUS qui ne comprenez rien, Monsieur Winch. Si vous voulez sauver la vie de vos amis, débrouillez vous pour que Surya relâche les prisonniers.

Une fois de plus, il coupe brutalement la communication.

Un lourd silence s'ensuit au Bunker. Largo se renverse sur son siège, le regard intensément fixe. Il assimile toutes les implications de ces nouvelles données.

L : Son frère ! Ce n'est pas juste politique, c'est personnel !

Cabine du jet.

Pangkor tourne le dos aux otages. L'évocation de son frère l'a profondément affecté. Simon tente de profiter de cette fragilité momentanée pour reprendre l'offre de Largo et le convaincre de la bonne volonté de son patron et ami.

Si : Il pensait ce qu'il vous a dit. Il est prêt à vous aider, à travailler avec vous et d'ailleurs nous aussi ! Euh, vous savez c'est pour ça que nous sommes venus. Pour voir ce qui se passe vraiment au Mendawi, Largo se sent concerné !

Pangkor écoute, toujours de dos, isolé dans ses émotions. Soudain il se tourne vers Simon et brandit un doigt furieux vers l'écran où le neutre « Inconnect/Disconnect » a remplacé l'image de Largo.

AP : Ce n'est pas vrai ! Vous n'y êtes pas ! Il se fiche pas mal de moi ou de mon peuple. Il a juste eu peur que je vous descende !

Marissa qui sent elle aussi le trouble du jeune leader vient appuyer Simon alors que Pangkor se pince douloureusement les sinus, submergé par la tension qui l'a envahi.

Marissa : Ça, c'est totalement faux, il se sent très concerné, il s'est même opposé à son conseil d'administration qui veut faire aboutir le projet. Tout ça parce qu'il se refuse à apporter son appui à un président qui viole les droits de l'homme en permanence.
AP : Vous diriez n'importe quoi pour sauver vos petites vies !

Simon le regarde droit dans les yeux, il en rajoute une couche sans le laisser souffler.

Si : Nous savons quel genre de monstre est votre Surya, nous savons pour la répression, nous savons pour la police secrète et les assassinats.

Pangkor vient droit sur eux, le regard intense, au bord du point de rupture. Simon se recule dans son siège, s'attendant à recevoir les coups… mais le jeune révolutionnaire s'arrête et se met à parler d'une voix brisée et syncopée.

AP : Mon petit frère… a été torturé pendant 9 jours sans arrêt, il n'a que 20 ans et il est la seule famille qui me reste.

Pangkor et Simon sont les yeux dans les yeux.

Si : Ma sœur aussi était la seule famille que j'avais. Je suis allé en prison pour elle une fois, pour la protéger. Croyez-moi, je peux me mettre à votre place, je sais ce que vous ressentez.

Pangkor, au bord des larmes se retourne et fait quelques pas pour se ressaisir. Simon et Marissa échangent un bref regard d'espoir… Mais le jeune leader se retourne, le regard déterminé.

AP : Si je ne fais pas ça, les meurtres, les kidnappings et les tortures, tout ça va continuer.

Il repart vers l'avant de l'appareil et passe dans la cabine de pilotage alors que le jeune garde semble regretter le choix de son leader. Simon, lui s'évertue plus que jamais à user ses liens contre la boucle de son ceinturon.


Bureau de Sullivan

John est toujours debout devant la baie vitrée. Toler fait les cent pas devant lui, pistolet brandi.

Su : Je vous en prie Monsieur Toler, parlez-moi.
T : Vous vous rappelez de Mendelson Steel ?
Su : Oui, je pense qu'on l'a reprise.
T : Ah ! Vous pensez que vous l'avez reprise ! Cette compagnie, vous l'avez ruinée, oui !

Sullivan répond doucement, avec l'assurance de l'homme qui a bonne conscience.

Su : Alors ça, c'est faux, Mendelson Steel était sur le point de fermer…C'était la banqueroute assurée, on a repris cette compagnie pour lui redonner vie !

Toler ricane.

T : Ah Ah ! Ah Ah ! Et savez-vous au moins combien de jobs vous avez détruits par cette reprise ?
Su : Oui mais il fallait assainir, c'était inévitable.
T : Ouais, il fallait assainir ! Vous écrasez des êtres humains sans aucun scrupule et vous appelez ça assainir !

Les railleries sinistres de Toler n'amusent pas Sullivan, froidement conscient des réalités économiques imparables.

Penthouse. Bureau de Largo.

Largo tourne comme un fauve en cage devant la baie vitrée, le poste de téléphone dans une main, le combiné dans l'autre.

L : J'ai besoin de votre aide, Monsieur l'Ambassadeur. Si le Président Surya ne se laisse pas intimider par l'abandon de notre projet, alors qu'est ce qui va l'intimider ?

La porte s'ouvre et Joy entre dans la pièce. Largo poursuit avec amertume sa discussion.

L : Je suis tout à fait prêt à lui offrir un pot de vin. Mais qu'est ce que ça nous coûtera ? Un avion ? Une armada de limousines blindées ? Cinquante millions de dollars sur un compte en Suisse ? Oui, mais qu'est ce que je peux faire ? Rien du tout, pendant que mes amis se font massacrer ! Oui… Je comprends, Monsieur l'Ambassadeur, bonne nuit !

Sous le regard critique et désolé de la jeune femme, il raccroche rageusement avant de dresser le bilan de la situation, les yeux plongés au loin, quelque part dans l'obscurité qui règne de l'autre côté de la baie vitrée.

L : L'ambassadeur américain au Mendawi est totalement contre l'idée géniale d'offrir des pots-de-vin à un chef d'État. C'est pourtant ce qu'on fait avec l'aide internationale. Je ne sais plus quoi faire.

Il regarde Joy un instant avant de replonger son regard dans la nuit new-yorkaise. Les mains au fond des poches, il éprouve une fois encore cet affreux sentiment d'impuissance. Joy cherche un instant quoi dire pour lui remonter le moral.

J : Est ce que Sullivan ne devait pas contacter un type important ?

Largo la regarde, les yeux brillants d'une lueur d'espoir et d'une grande vague de reconnaissance.

L : Je n'ai pas eu de nouvelles et toi ?
J : Aucune.

Relancé dans l'action, Largo décroche vivement le téléphone mais le bureau de John ne répond pas.

L : Il s'est mis en indisponibilité. On va vérifier en descendant au Bunker.

Sans perdre un instant, Largo et Joy se mettent en route.

Bureau de Sullivan.

La situation n'a pas évolué.

Su : Écoutez… ou on économisait, ou Mendelson Steel devait fermer.

Toler se rapproche lentement, l'arme toujours pointée sur John. Il parle d'une voix dangereusement douce.

T : Mon vieux père et moi, on a perdu nos jobs. Il avait 57 ans. Qui allait embaucher un homme de cet âge ? Il ne pouvait plus rembourser son emprunt immobilier et sa maison allait être vendue aux enchères. Il n'allait pas laisser faire ça ! Et un jour il s'est brûlé la cervelle.

Sullivan demeure silencieux, la mâchoire discrètement pendante.

T : Et maintenant, à mon tour, je vais vous tuer.

Dans un grand calme apparent, Toler appuie son pistolet sur la poitrine de Sullivan. Il relève le chien de l'arme et semble sur le point de tirer. Sullivan attend, sans réaction, mais Toler interrompt son geste. Il lui parle sous le nez, un sourire malsain sur les lèvres.

T : Mais avant tout, je veux vous voir souffrir comme moi j'ai souffert.

Dernier étage du Groupe W.

Largo et Joy sont sortis de l'appartement. Ils se dirigent vers l'ascenseur alors que Joy rapporte les derniers renseignements obtenus à Largo.

J : Apparemment le copilote a été malade à Djakarta et il était incapable de prendre l'avion pour Mendawi alors Jerry a décidé de voler en solo.
L : Dieu merci !
J : Oui. Et puis d'après Kerensky, il y aurait des rumeurs selon lesquelles le Président Surya aurait accepté de grosses sommes de certains caïds du crime organisé quand il était à la tête de l'armée. Si nous avons des preuves, on pourrait le faire changer d'avis.

Largo passe son badge dans le lecteur et tape son code pour appeler l'ascenseur. Il regarde Joy, l'air critique.

L : Du chantage ?
J : Au point où on en est, ce n'est pas ça qui va nous arrêter, d'accord ?

L'ascenseur arrive, ils y entrent. Joy sélectionne l'étage alors que Largo, au fond de la cabine, se passe la main sur la figure : son idéalisme est mis à rude épreuve ce soir. Après un moment de silence alors que l'ascenseur se referme, Largo commence à se confier, le regard dans le vague et la voix empreinte de nostalgie.

L : Simon et moi, on s'est rencontrés en prison ! Il y avait ce… ce prisonnier gigantesque de la taille… de la taille d'un colosse qui voulait me tuer pour me piquer mes bottes. Simon l'a fait tomber pour que je puisse le frapper. Après on a eu la paix. Et puis quand on s'est évadés, il m'a encore sauvé la vie. Il ignorait qui j'étais. On est devenu amis.

L'évocation de ces souvenirs lui a rendu le sourire, mais l'angoisse du moment revient vite. Joy tente de l'apaiser.

J : Tu ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer à bord.

Largo secoue la tête alors qu'une sonnerie annonce l'avant-dernier étage.

L : Il n'y a pas que Simon, il y a Marissa et Jerry aussi…

L'ascenseur s'ouvre, Largo en sort, suivi de Joy.

L : Ils vont tous mourir si on ne fait pas quelque chose, c'est à moi de les sortir de là !

Ils se dirigent d'un pas ferme et décidé vers le bureau de Sullivan, lorsque le téléphone de Largo se met à sonner dans sa poche de poitrine. Il prend l'appel alors que Joy tente une fois encore de le réconforter.

J : Écoute Largo, on n'a pas encore tout mis en œuvre…

Largo, absorbé par la communication, ralentit alors qu'ils passent devant la Salle du Conseil.

L : Oui ? Ahmet Pangkor ? Joy ! … Oui. Viens on descend ! J'ai besoin de toi !

Visiblement Kerensky a du nouveau. Largo et Joy font demi-tour et courent vers l'ascenseur, oubliant Sullivan à son sort.

Bunker/Jet

Nouvelle communication vidéo entre le jet et le Bunker. Largo, Joy et Georgi ont les yeux rivés sur leurs écrans où Pangkor s'énerve au premier plan.

AP : J'ai parlé à Surya, il dit qu'il ne veut pas relâcher qui que ce soit, qu'il va me regarder mourir.
L : J'ai essayé de discuter avec lui, je lui ai dit qu'on annulerait le projet s'il ne libérait pas tous vos hommes, mais il n'en a rien eu à faire !

Avec une rage froide, Pangkor dégaine son arme devant la caméra.

AP : Ah oui ! Il ne me croit pas !

Sous l'effet de la tension Largo se lève de son siège alors que Pangkor se précipite au fond de l'appareil.

L : Pangkor !

Pangkor n'écoute plus, il attrape Jerry sur son siège et l'entraîne à l'avant.

AP : Allez toi, viens par ici !

La caméra retransmet froidement le regard fou de panique du pauvre Jerry poussé vers le poste de pilotage par le leader des rebelles alors que Largo lance des appels désespérés.

L : Attendez ! On va trouver une solution ! Pangkor, pour l'amour du ciel, parlez-moi ! Pangkor ?

Largo implore à voix basse avant de hurler.

L : Pitié non ! PANGKOR !

Une détonation retentit et la communication est brutalement interrompue. La neige a envahi les écrans et sur les visages de Joy, Georgi et Largo, l'horreur s'inscrit en majuscules muettes.

New York de nuit. Groupe W.

Buzetti admire la vue par une baie alternant les bandes opaques et transparentes, Del Ferril piaffe d'impatience. Elle interroge immédiatement Cardignac qui arrive, un document sous le bras.

ADF : Alors Winch a l'intention d'annuler le contrat ?
Ca : Oh oui ! Et il me l'a dit bien en face !
Bu : Tout ça ne me plaît pas, ça me rend nerveux.
Ca : Vous savez ce qu'on dit mon cher ? Si on veut jouer au base-ball il faut pouvoir atteindre la base !

ADF : Oui mais il faut une stratégie, Michel !

Ca : Et voilà pourquoi j'ai pris ce merveilleux bouquin !

Cardignac brandit son document. Buzetti le prend et commence à le feuilleter.

Bu : Les statuts de la compagnie ?

Waldo et Alicia commencent à prendre Michel au sérieux, ils l'écoutent avec une attention accrue, l'intérêt en éveil.

Ca : Hum hum les dernières pages, bien après l'endroit où la plupart des gens se sont déjà endormis, il y a un certain chapitre 53, section 98, paragraphe 27 qui stipule que si, selon l'opinion des 2/3 de la majorité des membres du conseil, le directeur général est jugé incompétent, il peut être destitué temporairement. Il existe en effet ce qu'on appelle une procédure d'incompétence accélérée, selon les lois de la Convention de Genève chapitre… tatatata tatatata …

[Gloups ! Le travail, ça peut être le bagne mais de là à placer le droit des sociétés sous l'égide de la Convention de Genève ! Voilà une conception de l'humanitaire qui irait droit à l'absence de cœur de notre cher Michel ! Mais bon, on ne va pas en faire toute une affaire… tout le monde ne dispose pas du net pour s'assurer du contenu de cette tarte à la crème accommodée à toutes les sauces et le spectateur peut bien gober cette couleuvre de chocolat sans s'étrangler si on l'enrobe bien… Enfin, c'est ce qu'ont dû penser nos chers scénaristes ;o) Allez, je les laisse à leurs responsabilités et on reprend…]

Cette fois les sourires carnassiers sont de retour.

ADF : On peut se faire faxer les signatures des membres du Comité en un rien de temps.

[Erreur de traduction ? Comité Central du Parti Communiste ? Sans grand risque on peut supposer qu'Alicia veut parler des membres du CONSEIL d'Administration]

> Bu : Et si nous avons l'unanimité, alors…

Ca : Ben je dirais qu'on va se débarrasser de Winch, c'est tout !

Jet

Alors que le gardien veille toujours nerveusement, fusil dressé, Pangkor est plongé dans ses réflexions moroses. Assis les coudes sur les genoux, il tripote machinalement son pistolet. Simon explose.

Si : Vous m'écœurez encore plus qu'eux !

Pangkor réagit comme s'il avait reçu une gifle.

AP : Vous savez très bien que Surya m'a forcé la main, non ?

Mais cette fois il n'effraie plus Marissa, trop écœurée elle aussi.

Marissa : Non, personne ne vous forçait à tuer cet homme.
AP : Je ne voulais pas le tuer, parole !

La défense de Pangkor fait hurler Simon.

Si : Mais vous l'avez tué, non ?
AP : Oui, et vous allez y passer aussi si Surya ne relâche pas mon frère.

Simon a la nausée devant la froideur retrouvée de Pangkor.

Si : Êtes-vous sûr qu'il y ait vraiment une différence entre vous et Surya ?

Pour toute réponse, Pangkor baisse le regard sur son arme qu'il tripote de plus belle... Il a franchi la barrière...

Bunker

Kerensky, casque sur les oreilles, se concentre sur son écran, essayant d'ignorer Largo qui fait les cent pas dans son dos en se frottant nerveusement le menton. Soudain Joy explose, elle tape du poing sur la console et envoie promener sa veste d'un mouvement rageur.

J : Et merde !

Kerenky lève un œil.

K : Quoi ?
J : J'essaie de remettre la caméra du jet en circuit.
K : À ta place moi je ferais…

Mais Georgi s'interrompt au milieu de sa phrase. Largo s'immobilise, sur le qui-vive.

J : Oui, je ferais quoi ?

Kerensky ne répond pas. Une main sur le casque l'autre levée pour demander le silence, il est concentré sur ce qui lui parvient dans les écouteurs, le visage indéchiffrable.

K : Oh ! Oh !
L : Ouais, quoi ?… Qu'est ce qui se passe ? Quoi ?

Largo n'en peut plus d'attendre, il veut savoir, il s'appuie sur la console, se penche sous le nez de Georgi, tendu vers sa réponse.

K : Chut ! Je suis à l'écoute du contrôle du trafic aérien de la base militaire de Mendawi… Ils sont en train de charger des missiles Stinger dans les hélicoptères.

Largo incrédule demande confirmation à mi-voix.

L : Des missiles ?
K : Leurs ordres sont d'utiliser ces Stinger sur le jet.

Le trio se regarde sans vouloir y croire, sous le choc.

Groupe W de nuit. Plan ascenseur de bas en haut de la tour. Bureau de Sullivan.

Sullivan a regagné son fauteuil, Toler debout devant lui l'écoute attentivement. On ne voit plus son arme et la situation pourrait sembler normale...

Su : Monsieur Toler, je suis vraiment désolé de ce qui est arrivé à votre père, mais je n'ai rien à voir avec la décision de vous mettre à la porte. Et j'étais là pour participer à toutes les négociations au nom du Groupe W.
T : Mais au cours de ces négociations, vous saviez que vous alliez assainir la compagnie ?
Su : Oui, nous savions qu'il fallait assainir.

Toler explose et braque de nouveau son pistolet sur John. Il tremble de rage.

T : Donc, je vous tiens pour responsable.

À cet instant la porte du bureau s'ouvre, Gabriella entre dans la pièce, une pile de dossiers à la main. Elle n'a pas frappé, pensant le bureau vide et est surprise de voir John.

Ga : Oh ! Monsieur Sullivan, vous êtes encore là ? [elle aussi, elle n'avait pas annoncé son départ tout à l'heure, dans le couloir ? Il était déjà largement plus de 21 h !]

Toler, qu'elle n'a pas vu sur sa gauche s'empresse de croiser les bras, dissimulant son arme sous sa veste.

Su : Euh, oui !… Nous avions… des points de contrat particulièrement épineux à voir tous les deux calmement.

Sullivan se lève pour prendre les dossiers que lui tend Gabriella, charmante. Elle ne se doute pas de ce qui se joue entre les deux hommes derrière leurs sourires de façade.

Ga : Bon, avant que je m'en aille, voulez-vous que je vous prépare un café ou autre chose ?
Su : Non pas pour moi.
T : Ça va, merci beaucoup.

Gabriella regarde Toler d'un air étrange. Il serre un peu plus son pistolet sous sa veste... mais elle s'approche. Toler, inquiet commence à sortir son arme mais il se ravise avant qu'elle ne soit tout près de lui. Elle ne remarque pas sa tension extrême alors qu'elle ôte quelque chose de l'épaule de sa veste.

Ga : Une peluche !

Et elle sort avec un dernier grand sourire pour les deux hommes, parfaitement inconsciente de ce qui se passe dans ce bureau. Elle n'a pas encore totalement refermé la porte que déjà les sourires ont disparu : l'affrontement reprend.

Bunker.

Largo fait à nouveau les cent pas au téléphone, comme enchaîné à la console par le fil qui le relie à l'appareil et à son interlocuteur. Au fond de la pièce, Joy tourne en rond en réfléchissant . Kerensky pianote toujours sur son clavier, la mine de plus en plus sinistre à mesure qu'il entend la conversation de Largo.

L : Je me suis renseigné et je sais que vous avez toute une flotte dans le Sud de la Mer de Chine qui fait des manœuvres à environ 100 miles au large des côtes du Mendawi et qu'il y a des marines à bord… Si vous faites route maintenant, vous serez sur place avant les autorités du Mendawi… Pourquoi le Président n'autorise-t-il pas ça ? … Mais nous n'allons pas parler d'ingérence : ce sont des citoyens américains ! On ne va tout de même pas les laisser mourir !… Les media vont adorer ça, Amiral !

À défaut de son interlocuteur, Largo fusille le combiné du regard en lançant sa dernière pique. Il raccroche brutalement alors que Kerensky lui lance un regard interrogateur.

L : Il connaissait mon père, je pensais qu'il… que ça valait le coup d'essayer.

Largo ne cache pas sa déception et Georgi change de sujet sans commentaire.

K : Et moi j'essaie d'avoir une vue de l'intérieur du jet.

Largo rejoint Joy pour regarder par dessus l'épaule du Russe, il s'accroche à ce nouvel espoir

L : Comment ?
K : Eh bien Pangkor a éteint la caméra vidéo principale mais on en a fait mettre une petite à l'intérieur même de l'ordinateur et si j'arrive à le contrôler, je pourrai la rallumer.

Salle du Conseil

Le trio poursuit ses manigances. Buzetti tend un paquet de feuilles à Cardignac, que ce dernier glisse négligemment dans une enveloppe en se dirigeant vers la porte.

Ca : Tous les fax ont été bien signés et les membres ont voté unanimement. Les charges qui pesaient contre lui ont été retenues…

Avec une synchronisation parfaite, quelqu'un frappe, Michel entrouvre la porte et remet l'enveloppe à Gabriella avec un rapide sourire [Oui, elle est toujours à son poste !]

Ca : … et… Merci…

Il n'attend même pas qu'elle ait refermé la porte pour poursuivre sa discussion.

Ca : Et tout ça va aller directement chez le juge Heather Bradshaw qui n'attendait plus que ça pour statuer. Oh ! Je dirais que les jours de Winch à la tête du Groupe W sont… comptés ! Hm !

Le trio savoure cette idée…

Bureau de Sullivan

Toler pose sa grosse serviette sur le bureau et l'ouvre enfin. Il en tire avec jouissance un gilet de sécurité orange bardé de bâtons de dynamite reliés à un boîtier... [et on note une jolie boulette au passage : Toler sort le gilet sans lâcher son arme… or une fraction de seconde avant, on a droit un gros plan sur la main droite ouvrant le fermoir de la serviette… puis sur ses deux mains ouvrant le cartable… et pas la moindre trace de l'arme ;op]

T : Ah !… Monsieur Sullivan, je veux que vous mettiez ça sur vous.

C'est avec une jubilation intense qu'il pose le gilet contre la poitrine de Sullivan comme pour juger si ça va lui aller.

Su : Monsieur Toler, c'est…

La tentative de protestation de John fait une nouvelle fois sortir Toler de ses gonds, il hurle en appuyant le canon de son arme sur la clavicule de sa victime.

T : OBÉIS !

Base militaire des Forces Spéciales au Mendawi

Contrôle : Jungle Fox, espace aérien contrôlé, décollage autorisé.

Un hélicoptère militaire lourdement armé décolle et en rejoint un second déjà en l'air.

Hélico : Bien reçu, Mendawi Central, à vous.
Contrôle : Coordonnées de la mission transférées sur votre système de guidance.
Hélico : Coordonnées reçues, chargées, Mendawi Central, à vous.
Contrôle : Vérification des équipements de combat.
Hélico : Équipements de combats armés et prêts pour mission de destruction.

Bunker

Les otages et leurs gardiens ne se doutent pas qu'ils apparaissent sur les écrans du Bunker. Marissa regarde par le hublot, Simon ronge son frein et Pangkor s'assoit dans le fauteuil qu'occupait Jerry auparavant. Kerensky a réussi à rétablir le contact, même si la caméra de secours ne donne pas une image de grande qualité. Largo dévore son écran des yeux tandis que Georgi est satisfait de ses prouesses. Joy ne peut retenir un petit sourire de satisfaction.

K : J'ai réussi à neutraliser les codes de l'ordinateur du jet. Maintenant on peut avoir accès à la caméra qui nous intéresse.
J : Et tant que nos caméras sont éteintes, Pangkor ignorera qu'on peut le voir.

Une discrète sonnerie retentit, Kerensky récupère son casque et écoute quelques instants.

K : Bon, ça y est, les unités de la force de frappe sont parties. Ils vont mettre 40 minutes pour atteindre leur destination.
L : On doit prévenir Simon.

Dans le jet, Pangkor se lève et disparaît du champ de la caméra. Immédiatement Simon s'acharne de plus belle sur ses liens. Largo saisit un feutre et griffonne rapidement quelque chose sur un papier sous le regard intrigué de Joy et Kerensky.

L : Allume la caméra… maintenant !

Georgi s'exécute et immédiatement Largo agite frénétiquement la main devant la caméra pour attirer l'attention des otages.

Jet

Dans la cabine du jet, Marissa repère sa manœuvre sur l'ordinateur et elle alerte Simon qui regarde l'écran à son tour.

Largo brandit devant la caméra le papier sur lequel il a écrit « STAY READY ! ». Simon le lit en chuchotant

Si : Tenez-vous prêts.

Marissa inquiète observe les mouvements de leurs gardiens qui s'étaient regroupés.

AP : Surveillez-les !

Un des gardes se rapproche des otages, Marissa se racle la gorge, Simon s'agite, Largo réagit immédiatement.

L : Arrête l'image !

Kerensky coupe vivement la webcam alors que Marissa continue à faire semblant de tousser. Largo pousse un soupir de soulagement en constatant qu'il n'a pas été repéré mais le répit est de courte durée : Pangkor est en train de craquer. Il dévale l'allée en vociférant, arme au poing, décidé à en finir.

AP : Ca ne sert à rien ! Personne ne tient à vos petites vies, ni à celle de mon frère. Je suis fatigué, c'est fini !

Alors qu'il va tirer, Simon se dresse face à lui.

Si : Non !

Sous l'œil horrifié de Largo, Simon s'effondre.

L : C'est pas vrai ! Non !

Simon s'est écroulé, le souffle coupé par le coup de poing armé de Pangkor. Il se redresse en toussant alors que Pangkor braque maintenant Marissa paniquée qui avait fait mine de vouloir l'aider. Pangkor est au bord de la rupture, Simon jette ses arguments de la dernière chance. La tension nerveuse est à son comble.

Si : Vous aviez dit 3 heures, vous avez donné votre parole !
AP : Ce n'est plus du tout important. Vous ne comprenez pas que personne ne fera rien pour nous aider.
Si : Je suis sûr qu'il fait quelque chose, là, maintenant ! Mais laissez-lui ces 3 heures !

Sur l'écran de Largo qui oublie de respirer, Pangkor hésite. Il y a un moment de flottement dans le jet alors que l'arme du leader délaisse Marissa pour se porter à nouveau sur Simon toujours à terre, et au Bunker chacun retient son souffle. Largo laisse échapper un murmure, comme une prière :

L : Simon !

Brusquement Pangkor prend sa décision, il baisse son arme et regarde sa montre.

AP : Très bien !… 3 heures… vous avez 27 minutes et c'est la fin.

Alors qu'il repart vers l'avant du jet, la tension retombe un peu dans la cabine et dans le Bunker. Marissa s'effondre, le visage dans les mains, Simon se relève péniblement. Kerensky se décrispe sur son siège et Largo se passe une fois de plus la main sur le visage, épuisé et pas vraiment soulagé.

Bureau de Sullivan

Toler finit de ligoter Sullivan avec du ruban adhésif après lui avoir fait enfiler le gilet de sécurité bardé d'explosifs. Placé derrière John, il lui susurre avec délice son plan machiavélique à l'oreille.

T : C'est fou ce qu'on apprend sur Internet. Comme j'ai fait ça pour que ayez peur, une fois que c'est armé, je dois vous dire qu'un bruit quelconque, ou ne serait ce qu'un mouvement et… Boum !

Sullivan, bâillonné par le ruban adhésif, ne peut s'empêcher de sursauter.

T : Vous savez cher ami, je croyais que j'étais incapable de faire ça, mais pour être honnête avec vous, ça a été très facile.

Il ricane alors que Sullivan réprime un frémissement nerveux, le regard fixe.

T : J'ai encore à faire une petite chose.

Il arme le déclencheur. Aussitôt des témoins lumineux traduisent l'ambiance sonore du bureau. Toler s'éclipse sur une dernière recommandation.

T : Chut !

Sullivan grimace enfin librement, mais c'est bien la seule chose qui lui est permise sans affoler le détonateur.

New York de nuit. Groupe W. Bunker.

Largo qui ne tient toujours pas en place regagne nerveusement son siège devant sa console. Joy et Kerensky sont à leur poste, ils surveillent la progression de l'armée de Surya sur la carte de la région.

L : Ces hélicoptères armés sont à peine à 25 minutes de leur cible. On doit tenter quelque chose et vite !
J : D'après ce que je vois, on ne peut compter que sur Simon.
K : Il faudrait quelque chose qu'il puisse attraper et facilement.
L : On doit lui trouver une arme, qu'est ce qu'il y a à l'intérieur de l'avion ?
K : Des trucs qui sont en vue, les sièges, les gilets de sauvetage, et puis le kit médical de survie.
J : Pense aussi aux extincteurs.
L : J'y avait déjà pensé, mais ils sont dans l'allée. Il faut absolument que ce soit un petit quelque chose qu'il puisse attraper dans la cabine.
J : Oh, à part l'ordinateur, qu'est ce qu'il y a d'autre… Il y a les fixations des lampes.
L : Contre trois gardes armés !
K : À mon avis le mieux c'est qu'on fasse distraction [lapsus de traduction ? le terme c'est diversion !] pour lui donner un peu de temps pour essayer de leur piquer une arme.

Largo ébauche un sourire pour la première fois depuis bien longtemps.

L : Oui c'est pas bête !
J : Les systèmes électriques et de communication sont opérationnels, on n'a qu'à capter l'un des deux, c'est possible ?

Kerensky réfléchit un instant et chausse ses lunettes.

K : Ouais, et je vais voir ce que ça donne.

Largo est prêt à s'emballer.

L : Oui, pourquoi pas un incendie ? Est-ce qu'il y a un moyen de déclencher un feu venant d'ici par un court circuit ?
K : Hm. Ça me parait difficile à manipuler. Justement sur les avions tous les systèmes sont spécifiquement étudiés pour éviter ce genre d'incident.

Largo déçu se rejette contre le dossier de son siège, mais il revient bien vite se tendre vers l'avant car la pensée de Kerensky poursuit son chemin.

K : Mais… mais on pourrait peut-être pousser notre ordinateur à penser qu'il y a vraiment un feu.

Le trio se regarde, ils tiennent la solution !

L : Le système d'alarme !
J : Ca sonne dans la cabine et le cockpit et ça fait un bruit d'enfer !
L : Bon, alors tu essaies ?!
K : Hum, hum !

Kerensky se remet à pianoter alors que Joy échange avec Largo un regard de satisfaction.

Couloir de l'avant-dernier étage du Groupe W

Toler débouche au milieu d'un flux d'employés qui vont et viennent d'un air affairé.[À cette heure ? !] Personne ne lui prête attention alors qu'il tente de les aborder, son encombrante serviette sous le bras.

T : Euh ! Excusez-moi ! … Euh ! Bonjour, je voudrais voir Largo Winch.

La seule personne qui finalement le renseigne est ce cher Cardignac, toujours aussi charmant : il ne s'arrête même pas pour répondre et Toler court presque après lui pour poser sa question et entendre sa réponse.

Ca : Dernier étage, au bout du couloir.
T : Merci.

À la croisée des couloirs, Toler s'oriente… ignoré de tous.

Jet

L'horloge électronique indique : 11.38 10/21 TUE 35.9°C.

Pangkor et ses hommes font les cent pas, surveillant l'extérieur de l'appareil par les hublots à chaque demi-tour.

Simon profite de leur inattention pour continuer à user ses liens sur la boucle de son ceinturon, quand son regard est attiré par l'écran de l'ordinateur où Joy apparaît le temps de présenter une feuille sur laquelle il est écrit GET READY ALARM. Simon lit à voix basse.

Si : Soyez prêts. Alarme.

Aussitôt qu'elle s'est assurée qu'il a vu le message Joy coupe l'image. Simon se tourne vers Marissa qui, plongée dans ses pensées moroses, n'a rien vu et il l'avertit en murmurant.

Si : Eh ! N'aie pas peur, ça va sans doute sonner.
Marissa : Quand ?
Si : J'en sais rien, bientôt.

Bunker

Alors que Marissa et Simon retrouvent quelque espoir, Largo suit la situation sur l'écran en tripotant nerveusement son crayon et Joy exprime l'inquiétude générale.

J : J'espère que l'alarme va créer assez de confusion et que Simon va réussir à attaquer un de ces hommes.
L : Mais ils restent des cibles faciles pour ces hélicoptères et leurs missiles. On ne peut rien faire pour eux ?
K : Non, c'est trop tard pour mettre en panne leur GPS.

La tension monte au Bunker, le trio a une conscience aiguë des risques courus par les otages.

J : On doit les évacuer rapidement.
L : Le seul appareil d'évacuation est justement sur le navire qui nous avait refusé son aide.
J : Qui n'est mobilisable qu'avec l'accord de la Maison Blanche.

La remarque de Joy fait bondir Largo. Il jaillit de son siège et attrape le téléphone.

L : Oh ! Mais au fait où est passé John Sullivan ? On n'a aucune nouvelle de lui !

Bureau de Sullivan

Le téléphone retentit, faisant sursauter le pauvre John ligoté dans son fauteuil et bardé d'explosifs. De longues secondes s'écoulent où il ne peut rien faire qu'écouter en suant à grosses gouttes les bips obsédants du déclencheur qui s'affole au bruit de la sonnerie.

Bunker

L : Il a retiré son signal d'indisponibilité mais il ne répond pas. Je me demande ce qui se passe. Ça m'énerve !

Largo raccroche et s'élance sous le regard perturbé de Kerensky pour aller voir ce que peut bien faire Sullivan. Joy saisit son intention et se précipite : La place de Largo est au Bunker.

J : Je vais aller voir.

Elle part au pas de course, et Largo se retrouve condamné à l'inaction. Il recommence à tourner en rond nerveusement.

Bureau de Sullivan.

La sonnerie s'est enfin arrêtée. Le détonateur se calme et Sullivan remercie le ciel d'être encore en vie tout en sachant qu'il n'est pas encore tiré d'affaire...

Salle du Conseil

Sullivan entre dans la salle, brandissant un papier, la mine ravie. Immédiatement Buzetti et Del Ferril accourent.

Ca : Ca y est, je l'ai ! L'injonction de la Cour !

Alicia lui arrache quasiment des mains le document qu'elle embrasse. Le trio jubile.

Ca : On va convoquer le conseil d'administration.
Bu : Je vais téléphoner !

Alicia parcourt rapidement le texte, n'osant y croire.

ADF : Ça y est !

Couloir de l'avant-dernier étage du Groupe W

Joy qui sort de l'ascenseur croise Gabriella qui vaque à ses occupations [oui, encore et toujours, à près de minuit…]

J : Gabriella, vous avez vu Sullivan ?
Ga : Il était dans son bureau avec Monsieur Toler, il y est probablement encore.

Joy fonce.

Bureau de Sullivan

Sullivan compte les secondes lorsque Joy entre au pas de charge.

J : Hé, John ! Est ce que…

John réprime son sursaut tandis que Joy se fige en le découvrant ainsi ficelé. D'un regard suppliant, Sullivan lui désigne la bombe.

J : Ah !

Immédiatement le regard surpris de Joy devient professionnel, elle saisit la situation. John lui ne la quitte pas des yeux : son sort est entre se mains.


Dernier étage du Groupe W.

Toler tente d'ouvrir la porte de Largo, sans succès. Il jette un rapide regard au boîtier et comprend qu'il n'y arrivera pas comme ça. La chance est avec lui : Gabriella arrive, son badge d'accès à la main, pour déposer des documents dans le penthouse. Toler a juste le temps de se dissimuler derrière une porte voisine. Elle entre dans chez Largo sans le remarquer et laisse la porte ouverte le temps de disposer les documents sur le bureau, Toler en profite pour s'introduire dans l'appartement. Gabriella ne l'entend pas approcher dans son dos, il arrive jusqu'à elle.

T : Bonjour !

Gabriella se retourne et se retrouve nez à nez avec l'arme que Toler braque sur elle.


Bureau de Sullivan

Joy observe d'un œil professionnel le mécanisme de la bombe. Elle s'abstient de toucher quoi que ce soit et fait signe à Sullivan de ne pas faire le moindre bruit. Le pauvre John toujours bâillonné baisse les paupières en signe de totale coopération et pour mieux prier alors que Joy commence à soulever délicatement le boîtier pour le dégager du gilet. Sullivan rouvre des yeux inquiets en entendant les bips s'affoler. D'un regard Joy lui indique qu'elle sait ce qu'elle fait, aussitôt elle se concentre de nouveau sur sa tâche. Elle dégage le boîtier, indique d'un regard à John que tout se passe bien puis s'attaque au fil branché à l'arrière du détonateur. Elle parvient à le débrancher, déconnectant ainsi la dynamite, mais le détonateur continue ses bips oppressants. Le plus calmement possible Joy s'affaire sur la face arrière du boîtier alors que la peur et la nervosité suent par tous les pores du visage de John qui a de nouveau fermé les yeux. Enfin le système s'arrête. Joy a neutralisé la bombe, Sullivan se laisse aller et Joy s'autorise un soupir de satisfaction en regardant John avec un bonheur non dissimulé alors que celui-ci la remercie du regard. Sans perdre de temps, elle lui arrache enfin le ruban adhésif qui le bâillonne. John ne prend pas le temps de dire merci : il y a plus urgent.

Su : Il s'appelle James Toler, il est probablement quelque part dans l'immeuble.

Joy s'est déjà ruée sur le téléphone.

J : Sécurité ? Ici Joy Arden, nous avons un danger public dans l'immeuble, il s'appelle James Toler.
Su : Il a un flingue.
J : Il est armé et il a peut-être des explosifs. Je veux une équipe de démineurs chez Sullivan. Faites vite, je vous en prie ! Je veux que l'immeuble soit exploré et prévenez-moi immédiatement. Prenez toutes les identités !

Tout en donnant ses instructions, Joy finit de détacher Sullivan, puis elle lui tient le combiné :

J : Décrivez-le !
Su : Il est de taille normale, brun et il porte des lunettes.
J : Son costume ?
Su : Marron, avec des rayures roses. Et, euh… il a… il a un visage très étrange.

Joy reprend le combiné qu'elle tenait contre l'oreille de John.

J : C'est compris ?

Elle raccroche pour finir de s'occuper de Sullivan.


Dans le ciel de la jungle du Mendawi

Vue de l'hélicoptère qui survole la jungle et se rapproche de sa destination.

Contrôle : OKI1, ici Jungle Fox, veuillez indiquer votre position.
Hélico : Jungle Fox, ici OKI1, nous sommes à 11 minutes de la cible, nous survolons le cadran sud ouest.


Jet

L'un des gardes se frotte la nuque, l'air passablement épuisé, tandis qu'un second fait toujours les cent pas à l'avant de l'appareil. Simon use ses liens avec une énergie renouvelée tout en jetant un œil à l'horloge électronique qui indique : 11.49 10/21 TUE 36°C. Marissa regarde fixement à travers le hublot, impénétrable. Simon jette un œil dehors, surveille les gardiens, vérifie l'usure de ses liens... Comme demandé, il se tient prêt.


Bunker

Largo maltraite une boulette de papier de la main droite sans desserrer le poing gauche... les yeux rivés à l'écran qui retransmet les images du jet.

K : Les hélicoptères vont être là-bas dans 10 minutes.

Les doigts de Largo redoublent d'ardeur autour de la misérable boulette lorsque le téléphone retentit. La première sonnerie n'a pas cessé que déjà Kerensky a pris la communication.

K : Oui ?
J : Largo ?

Largo se fige, poing serré sur le concentré de boulette.

L : Mais enfin où se trouve John ?
J : Un malade a essayé de mettre une bombe dans son bureau.
L : Quoi ?

Largo et Georgi se regardent, vérifiant dans le regard de l'autre qu'ils ont bien entendu. Joy ne leur laisse pas le temps de digérer la nouvelle.

J : Il va bien ! Au fait, je viens d'avoir une idée. Tu sais, cette alarme à l'incendie qu'on va déclencher, eh bien ça peut déclencher un signal radio de balise, d'accord ?
K : Exact !
J : La loi internationale nous dit que qui que ce soit et où qu'il soit qui repère ce signal est obligé de répondre sans penser à la souveraineté !

Kerensky, intrigué, a suivi attentivement le cheminement de Joy. Il regarde la réaction de Largo qui poursuit la pensée de Joy.

L : Le navire qui nous avait refusé son aide !
J : En plus je parie que sa radio va l'entendre.
L : Tu es géniale !

Largo balance sa pitoyable boulette déliquescente pour se jeter sur le téléphone. Kerensky lui a déjà glissé le papier où est inscrit le numéro. Il le compose à la volée et se lève en attendant que cela décroche, bouillant d'impatience.

L : Oui, ici Largo Winch, je voudrais parler à l'Amiral Reed, c'est une priorité !

Jet

Simon et Marissa se battent toujours avec leurs liens quand l'alarme de la montre de Pangkor retentit. Ils se figent. Assis dans un fauteuil qui leur tourne le dos, Pangkor stoppe la sonnerie puis fait pivoter le siège en tirant son pistolet de sa ceinture. Il se lève et se dirige vers les otages qui n'en mènent pas large.

AP : C'est le moment, Monsieur Ovronnaz.

Simon regarde sa mort approcher.

Bunker

Largo qui s'est rassis argumente au téléphone en essayant de rester calme.

L : C'est la loi internationale, Amiral, et vous le savez ! Dites à vos hommes que le signal viendra d'une piste abandonnée dans la jungle à 250 km au sud de Mendawi.

Kerensky suit la conversation tout surveillant ce qui se passe dans le jet sur son écran. Il voit la réaction de Simon avant de voir Pangkor arriver arme au poing.

K : Je pense qu'on a un petit problème !

Largo raccroche brusquement. Son ordre fuse immédiatement.

L : Déclenche-le maintenant !

Kerensky presse un bouton sur le bord de son clavier…

Jet

L'alarme retentit, créant un moment de flottement dans l'avion.

AP : Qu'est ce que c'est ?

C'est le moment que choisissent les liens de Simon pour céder alors qu'il bondit sur Pangkor. Dans la bagarre une balle perdue détruit l'horloge qui affiche très précisément 12.00 10/21 TUE 41°C. Marissa qui a toujours les mains liées se dresse contre le second garde et repousse son fusil mitrailleur. Elle parvient à le déséquilibrer d'un bon coup de pied dans le ventre. Simon rattrape le gars au vol et dirige son fusil vers Pangkor alors que celui-ci s'apprête à tirer. Les balles fusent dans le chaos le plus total. Pangkor s'effondre en tirant, abattant le garde que tient Simon. Le second garde tente de fuir mais Simon a récupéré le fusil et il arrose l'allée. Pangkor plonge derrière un fauteuil et depuis son abri il tente à nouveau d'abattre Simon. Sa première balle finit dans le dossier du fauteuil, Simon a plongé à temps. La seconde… détruit la caméra

Bunker

Largo et Kerensky suivent la bataille sur leur écran. Ils voient Pangkor tirer [Tiens, la caméra de secours est orientable ? Cette fois elle est dirigée non plus vers le fond de l'appareil où étaient Simon et Marissa mais vers l'avant, braquée sur le fauteuil derrière lequel s'abrite Pangkor !] et les écrans du bunker sont noyés sous la neige. Largo bondit de son siège.

L : On n'a plus d'image !

Kerensky pianote un instant, sans résultat.

K : Il n'y a aucun signal, c'est une balle en plein dans la caméra.

Largo n'a pas le temps de pester, le téléphone sonne, Kerensky établit immédiatement la communication.

L : Ouais ?

Penthouse

Gabriella, raide de peur, parle sous la menace de l'arme de Toler tandis que ce dernier lui tourne autour.

Gabriella : Monsieur Winch, je suis dans votre bureau avec un homme qui dit qu'il a l'intention de me tuer si vous ne montez pas ici immédiatement.

Bunker

Largo et Kerensky échangent un regard médusé.

L : Quoi ?…

Largo digère la nouvelle, jette mécaniquement un regard à sa montre et prend sa décision.

L : Bon, très bien, restez calme, j'arrive tout de suite.
  Gabriella, d'une toute petite voix : OK.

Avant de filer, Largo donne rapidement ses dernières instructions à Kerensky.

L : Informe Joy ! Et je t'en prie essaie de reprendre contact.

Kerensky recommence à pianoter de plus belle tout en appelant Joy.

K : Joy ?

Penthouse

Toler et Gabriella en sont toujours au même point, l'arme du premier juste sous le nez de la seconde, quand Largo entre dans l'appartement et les découvre. Il s'immobilise sur le pas de la porte, bras écartés, montrant clairement qu'il n'est pas armé.

L : James ? C'est moi, Largo Winch, comment allez-vous ?

[Devin à ses heures, l'ami Largo ? Si Joy a prévenu la sécurité qu'un certain « James Toler » rôdait dans l'immeuble, tout ce qu'elle a dit à Largo et Kerensky dans le feu de l'action c'est que « un malade a essayé de mettre une bombe » dans le bureau de Sullivan avant de passer à sa petite théorie sur la loi internationale et la souveraineté qui a permis à Largo d'agir.. juste avant que la bagarre n'éclate dans le jet. Quant à Gabriella, (qui appelle juste après que la caméra ait été mise hors service donc sans que Joy ait matériellement le temps de donner d'autres nouvelles au duo), elle a juste dit « un homme »… Alors comment Largo sait-il que le bonhomme s'appelle James ? À votre bonne imagination, M'sieur Dame !]

Toler répond d'une voix de suicidé en devenir.

T : Pas bien.
L : Je pense que ceci ne regarde que vous et moi alors pourquoi… pourquoi vous ne laissez pas Gabriella s'en aller ?

Un silence flotte, puis Toler acquiesce mollement de la tête. Gabriella ne demande pas son reste et file avant qu'il ne change d'avis.

L : Merci. Bon, qu'est ce que je peux faire pour vous ?

Largo qui n'avait pas bougé du pas de la porte commence à avancer doucement vers Toler qui à présent braque son arme sur lui avec la fermeté d'un shamallow victime d'un coup de chaleur.

T : Si vous approchez encore, je me sentirai obligé de vous tuer.

Largo continue d'avancer imperturbablement, lentement, posément, naturellement...

L : Si vous me tirez dessus vous n'irez pas très loin.
T : Je m'en contrefiche et j'ai dit personne ne bouge !

Largo poursuit sur son erre, évidemment…

L : Vous voyez, James, ça n'a pas été une très bonne journée pour moi alors… pourquoi vous ne…

Il est arrivé quasiment au point d'appuyer sa pomme d'Adam contre le canon du pistolet de Toler et il continue de parler doucement.

L : … pourquoi vous ne posez pas cette arme ?

À cet instant, Joy qui est descendue sur la terrasse du penthouse à l'aide d'une corde, frappe contre la baie vitrée. Toler surpris tourne la tête et Largo profite de sa stupéfaction de se trouver braqué par une femme tombée du ciel pour s'emparer de son arme de la main gauche et lui envoyer une droite qui l'expédie au tapis pour le compte. Joy et Largo échangent un regard qui en dit plus long qu'un grand discours et la garde du corps baisse son arme et entre dans la pièce mais le répit est déjà fini : sur le bureau, le téléphone sonne. Largo se précipite pour décrocher pendant que Joy glisse son arme au creux de ses reins, ayant jugé d'un coup d'œil que Toler est hors d'état de nuire pour un bon moment.

L : Oui ?

L'appel vient de Kerensky, lunettes sur le front, qui rapporte les derniers événements pendant que les hommes de la sécurité arrivent pour évacuer le corps flasque de Toler sous le regard satisfait de Joy.

K : Largo ? Je me suis branché à l'écoute de la marine et leur radio fait état d'échanges de tirs d'armes lourdes entre les hommes de Pangkor et les forces régulières de Mendawi. Ça s'est terminé quand Surya a donné l'ordre de bombarder un camion dans lequel Pangkor était peut-être parti.
L : Où est passé Simon ?

Un silence, Kerensky rechausse ses lunettes pour pianoter sur son clavier.

L : Georgi ! Où est passé Simon ?

Largo s'affole, il hurle et gesticule, inconscient d'avoir toujours l'arme de Toler dans la main gauche. Joy juge plus prudent de la lui prendre, il la lui laisse sans même réaliser...

K : Ah ! Voilà, je crois que j'y suis ! Je vais le laisser te dire lui-même comment il va… Il devrait apparaître sur l'écran… maintenant !

Joy qui n'entend pas la conversation essaie de lire les nouvelles sur le visage de Largo. Il la bouscule presque pour se ruer devant l'écran de son bureau et se pose dans son fauteuil au moment ou Simon apparaît sur l'écran, radieux. Il est visiblement à bord d'un hélico et a un casque sur les oreilles.

L : Simon ! Tu vas bien ?
Si (hilare) : On a tous failli partir en fumée ! Mais les marines nous ont sortis juste à temps mon vieux ! Hé, devine qui est avec Marissa et moi ?

Largo rit de bonheur, Joy a un large sourire.

L : Qui ?
Si : Jerry, notre pilote ! Pangkor croyait l'avoir tué mais ce n'était pas son jour, les médecins disent qu'il sera remis sur pied très vite.

Au Bunker Kerensky ne perd pas une miette de la conversation. Sans témoin, il ne masque pas son émotion et son soulagement.

L : Ah, c'est fantastique !
Si : Ah ouais ! Mais on espère qu'un bon repas nous attend !

Largo rit, heureux de retrouver les bouffonneries de son ami.

L : Non mais ! Et puis quoi encore ?
Si : Bon, les gars, on me dit que je dois laisser ma place. Il y a le capitaine qui veut utiliser la fréquence. Salut et à bientôt chez nous ! On pense bien à vous !

La liaison est interrompue, Largo se laisse aller contre le dossier de son fauteuil dans un vaste soupir. Et Joy, retrouvant les gestes de la routine, s'assoit sur le coin du bureau. Les regards se parlent.

Le portable de Largo sonne. Cette fois il ne se précipite pas pour décrocher. Il le tire de sa poche de poitrine en dévisageant Joy d'une manière inhabituelle… elle est en train de vérifier que le barillet du revolver de Toler est vide.

L : Hhh…Encore une de ces journées…

Il finit par prendre l'appel, sans lâcher Joy des yeux.

L : Oui, Michel… en salle de réunion, un peu plus tard ? Hum, ouais, bon je serai là.
J : Qu'est ce qu'il te veut ?

Largo se redresse sur son fauteuil, plein d'élan.

L : Je n'en sais rien et je n'en ai rien à faire !

Dans la foulée il se lève pour quitter la pièce et au passage il plante très naturellement un baiser fougueux sur la bouche de Joy qui ne songe pas à protester. Le trouble de la jeune femme se précise alors qu'il est déjà parti.

J : Bon… j'ai dû rêver.

Salle du Conseil

Largo sort de l'ascenseur au moment où Sullivan arrive également en enfilant sa veste. Deux membres de la sécurité se tiennent dans le couloir devant la porte grande ouverte. Les membres du Conseil sont déjà installés à leur place autour de la table monumentale.

Su : Largo ! Qu'est ce qui se passe ?
L : Simon, lui, revient à la maison et Toler, lui, va derrière les barreaux. Ici, je ne sais pas ce qui se passe.

Ils entrent dans la salle. Largo jette un œil à l'assemblée et regarde sa montre d'un air impatient.

L : Bon, qu'est ce qu'il y a Michel ? Vous savez quelle heure il est ?

Cardignac se tient debout derrière le fauteuil directorial en cuir rouge dont il caresse le dossier du bout des doigts. Le fauteuil à sa droite est occupé par un homme des plus respectable à la mine des plus glacées. Sur la table devant le siège de Largo, une mallette a atterri sans le moindre respect pour la place du grand patron. Un silence de mort règne dans la salle, personne ne bronche.

Ca : Le Comité [euh comme précédemment il veut sans doute dire le Conseil] a tenu une réunion exceptionnelle et on a voté. C'était unanime Largo, vous n'êtes plus à ce jour directeur général du Groupe W.

Largo sourit, incrédule, entre amusement et agacement, les mains sur les hanches. Sullivan, la mine grave, écoute avec attention. Il ne doute pas un instant du sérieux de Cardignac, même s'il ne voit pas ce qui a pu lui échapper.

L : Avez-vous complètement perdu la raison, Michel ? Vous n'avez pas le droit, je fais ce qui me plaît !

Toujours caressant le fauteuil vide tant convoité, Cardignac sort un papier de la poche de sa veste

Ca : Moi, Non ! Mais ça, ça m'en donne le droit ! Ceci est une ordonnance me donnant la gestion de toutes les propriétés de cette compagnie.

Dans un silence de mort, Largo se dirige vers Cardignac, aussi dangereux qu'un fauve. Sullivan lui emboîte le pas, très inquiet de ce qui peut se passer. Cardignac n'est pas aussi rassuré que son ton goguenard le laisse entendre : il s'empresse de faire signe aux gardes à la porte.

Ca : Sécurité !

Les agents rejoints par leur supérieur s'empressent. Largo arrache le document des mains de Michel sans le lâcher du regard. Cardignac ne peut s'empêcher de ciller et de détourner les yeux. Alors que le responsable de la sécurité fait signe à ses hommes d'attendre, Largo parcourt rapidement le papier avant de lire à nouveau le fond de l'âme de Cardignac. Effectivement ça semble sérieux, il tend le document à Sullivan sans détacher son regard des yeux du traître. Entre eux le combat est engagé.

L : Tenez, John ! Qu'est ce que ça veut dire ?

Sullivan lit rapidement.

Su : Oui, c'est légal.

Largo essaie de se contrôler, mais la colère monte en lui, il est prêt à foncer sur Cardignac quand Sullivan s'interpose et le retient de la main.

Su : Non ! Non, n'en faites rien !

Les visages des deux adversaires sont à quelques centimètres l'un de l'autre, Cardignac doit lever la tête pour répondre aux éclairs que lancent les yeux de Largo, mais cette fois il ne cille plus, il triomphe. Largo se contient, toujours maintenu par Sullivan. Il n'a pas besoin de crier pour faire passer le poids de ses paroles.

L : Jamais… vous ne dirigerez la compagnie de mon père !… Jamais !

Cardignac se fait une joie de le provoquer toujours davantage. Toujours les yeux dans les yeux...

Ca : Regardez bien ! … Sécurité : Escortez Monsieur Winch hors de cette propriété, il n'a pas à être ici.

Sans la moindre faiblesse dans le regard, Largo recule et se retire, les yeux toujours rivés dans ceux de Cardignac, puis il sort vivement… et c'est le regard de Sullivan qui prend le relais pour exprimer tout son mépris à Cardignac. Largo quitte la pièce suivi des gardes et de Sullivan, ainsi que de Joy qui a assisté à la scène sur le pas de la porte restée ouverte.

Del Ferril et Buzetti osent enfin échanger un regard, sans savoir encore s'ils peuvent se réjouir. Après un moment de flottement, Cardignac teste son nouveau pouvoir.

Ca : Bon ! Que diriez-vous si on se remettait sérieusement en piste !

Derrière son ton gouailleur, sa voix manque d'assurance. Il pousse un gros soupir de soulagement.

A SUIVRE...

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